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Résultat scientifique | Biologie structurale

Même prisonnières d’un cristal, les molécules bougent encore


​La cristallographie aux rayons X permet de connaître la structure tridimensionnelle d'une molécule. Cependant, cette technique ne parvient pas toujours à reconstituer fidèlement la structure recherchée.  Une étude impliquant l'IBS a montré que des mouvements résiduels continuent d'animer les protéines au sein d'un cristal et que ce mouvement « floute » l'image finale.

Publié le 5 octobre 2015

La cristallographie aux rayons X est la méthode la plus prolifique pour la détermination de structures de protéines. Pourtant, des cristaux macroscopiquement parfaits déçoivent une fois irradiés par les rayons X. Il a été proposé que des mouvements d'ensemble des protéines cristallisées puissent expliquer ce paradoxe. Mais cette supposée dynamique résiduelle lente n'a jamais été directement observée dans un cristal.

Les chercheurs de l'IBS, au sein d'une collaboration internationale impliquant le CEA, le CNRS et l'Université Joseph Fourier, ont utilisé sur l'ubiquitine, une protéine modèle, une approche combinant la spectroscopie par RMN à l'état solide, les simulations de dynamique moléculaire, et la cristallographie aux rayons X. La première de ces techniques indique que même cristallisées, les protéines restent animées de légers mouvements résiduels. Ces mouvements sont d'autant moins amortis que le cristal est moins compact.

En concordance, les données cristallographiques collectées sur les cristaux indiquent que plus le cristal est compact, mieux il diffracte – favorisant alors la détermination de la structure des protéines qui le composent. Pour reconstituer le mouvement des protéines dans ces réseaux cristallins, des simulations de dynamique moléculaire ont été réalisées. Ces dernières suggèrent qu'au sein des cristaux, les protéines tournent sur elles-mêmes de quelques degrés, à l'échelle de la microseconde. En accord avec les mesures de RMN, ces « balancements » sont d'autant plus marqués que le cristal est peu compact.

Cette étude contribue à mieux comprendre l'impact des mouvements moléculaires lents sur la qualité des structures cristallographiques, mais aussi plus généralement la dynamique des molécules à l'échelle atomique. Elle explique par ailleurs en partie pourquoi certains cristaux, quoique macroscopiquement « beaux », se révèlent vides d'information une fois étudiés par cristallographie.

 
Observation d'un cristal de protéines, typiquement utilisé pour étudier la structure de cette molécule par cristallographie. A gauche : visualisation à l'œil nu ; au centre : modélisation de l'agencement des protéines en réseau cristallin ; à droite : représentation schématique du mouvement d'une protéine de quelques degrés au sein du cristal, tel qu'il est observé par spectroscopie RMN et simulation de dynamique moléculaire. À cause de ces mouvements la structure de la protéine que l'on peut obtenir par cristallographie devient "floue". © Paul Schanda / CEA

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