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Comment le conscient et l’inconscient travaillent de concert


​Des chercheurs de l'Institut Frédéric-Joliot ont découvert comment le cerveau intègre et filtre l’information, en combinant des techniques d’imagerie cérébrale à haute résolution temporelle et des algorithmes d’apprentissage automatique.

Publié le 8 décembre 2017

​Notre cerveau est constamment bombardé d’informations sensorielles. Loin d’être surchargé, le cerveau est un véritable expert dans la gestion de ce flux d’informations. Des chercheurs de Neurospin, à l'Institut Frédéric-Joliot, ont découvert les mécanismes de filtrage de l’information. En combinant la magnétoencéphalographie (MEG) et des algorithmes d’apprentissage automatique (machine learning), ils ont déterminé la séquence d’opérations neuronales qui permet au cerveau de sélectionner spécifiquement l’information pertinente. La majeure partie de l’information est traitée et filtrée inconsciemment par notre cerveau. Au sein de ce flux, l’information pertinente est sélectionnée par une opération en trois étapes, et diffusée vers les régions associatives du cerveau afin d’être mémorisée.

Les chercheurs ont mesuré l’activité du cerveau de 15 participants, pendant que ces derniers devaient repérer une image « cible » dans un flux de 10 images par seconde . Les neurobiologistes ont ainsi pu observer trois opérations successives permettant aux participants de traiter et de trier le flux d’images :

  • Même si une dizaine d’images est présentée chaque seconde, chacune de ces images est analysée par les aires sensorielles du cerveau pendant environ une demi-seconde. Ceci constitue une première phase de traitement automatique, inconscient et sans effort pour nous.
  • Lorsqu’on demande aux participants de porter attention et de mémoriser une image en particulier, ce n’est pas uniquement l’image ‘cible’ qui est sélectionnée, mais toutes les images qui sont encore en cours de traitement dans les régions sensorielles. L’attention du sujet aura pour effet d’amplifier les réponses neuronales induites par ces images.
  • La troisième phase de traitement correspond au rapport conscient du sujet. Seule l’une des images sélectionnées induit une réponse cérébrale prolongée et impliquant les régions pariétales et frontales. C’est cette image que le sujet indiquera avoir perçue.
Assailli par un nombre toujours croissant d’informations, notre cerveau parvient ainsi, malgré tout, à gérer le surplus de données grâce à un filtrage automatique, sans effort, et un processus de sélection en trois phases.
Les avancées technologiques en imagerie cérébrale et dans les sciences de l’information ont donné un formidable coup d’accélérateur à la recherche en neuroscience, et cette étude en est un bel exemple.

Ce résultat a fait lobjet d'un communiqué de presse.




Aperçus des principes de l’étude : Les chercheurs ont mesuré l’activité du cerveau en combinant des techniques d’imagerie cérébrale à haute résolution temporelle et des algorithmes d’apprentissage automatique (machine learning) (en haut). Ils ont ainsi pu déterminer la séquence d’opérations neuronales qui permet au cerveau de sélectionner spécifiquement l’information pertinente dans un flux de 10 images par seconde (à gauche). Ils ont ainsi démontré que si une dizaine d’images est présentée chaque seconde, chacune de ces images est analysée par les aires sensorielles du cerveau pendant environ une demi-seconde. © CEA/Inserm



Dispositif de magnetoencephalographie (MEG). Pas moins de 300 capteurs, à la sensibilité du femtotesla (10-15 teslas), enregistrent en continu les champs magnétiques émis par les courants circulant dans le cerveau. Ainsi, par reconstruction inverse, l'activité du cerveau est repérée dans l'espace (2 mm2) et le temps (milliseconde) pour accéder à la dynamique de traitement de l'information par le cerveau. © P.Stroppa/CEA

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