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Chikungunya : des douleurs causées par le système immunitaire


​Les atteintes articulaires chez les personnes infectées par le chikungunya sont mal comprises. L'Institut François-Jacob du CEA et ses partenaires ont identifié un acteur de la réponse immune antivirale dont l'inhibition réduit paradoxalement la sévérité des symptômes.

Publié le 13 mars 2017

Depuis sa ré-emergence en 2004 sur le continent africain, puis à l'Ile de la Réunion en 2005, le chikungunya a gagné l'Asie, l'Europe et, plus récemment, le continent américain, provoquant en moins de 10 ans de nombreuses épidémies avec plusieurs millions de cas. Ce virus, transmis à l'Homme par des piqûres du moustique tigre (de genre Aedes), provoque chez les patients des atteintes articulaires, douloureuses et souvent très invalidantes pendant des mois, voire des années, sur 10 à 30% des cas. Il n'existe pas encore de vaccins et les traitements, uniquement symptomatiques, sont limités.

Une équipe de l'Institut de biologie François-Jacob a mis au point un modèle primate non humain (PNH) de la maladie à chikungunya et s'est associé à une équipe australienne[1] pour concevoir et  étudier un modèle rongeur. Dans ce dernier modèle, ils ont étudié l'expression des gènes de la réponse immunitaire lors de la période aigüe et chronique de la maladie. « Nous avons tout d'abord observé que le modèle rongeur, en accord avec nos données sur le modèle PNH, reproduit la réponse immunitaire chez l'homme, notamment la réponse innée, explique Pierre Roques, chercheur à l'Institut François-Jacob. Ensuite, nous avons cherché à identifier le profil de la réponse inflammatoire en relation avec les atteintes articulaires due à l'infection». Les biologistes ont mis le doigt sur la présence anormalement élevée de la protéine Granzyme A. Cette protéine intervient dans la réponse innée et adaptative de l'organisme en dégradant les cellules infectées. « Si Granzyme A est utile à l'organisme pour se débarrasser des intrus, elle devient délétère en trop grande quantité, poursuit le scientifique. Un excès de cette protéine maintient l'inflammation locale, engendre les symptômes articulaires et permet au virus de continuer sa progression. » Les chercheurs ont retrouvé un excès de cette protéine chez le PNH et l'Homme infecté par chikungunya. L'effet Janus[2] de Granzyme A a été confirmé avec des inhibiteurs. « L'inhibition de Granzyme A conduit à une réduction significative du gonflement articulaire », précise Pierre Roques. Aussi, Une nouvelle cible pour traiter les patients atteints de la maladie à chikungunya !


[1] Du QIMR Berghofer Medical Research Institute
[2] Dans la mythologie romaine, Janus est un dieu à une tête avec deux visages regardant à l’opposé l’un de l’autre.


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