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Drépanocytose : rémission chez le 1er patient traité par thérapie génique


​Un patient atteint de drépanocytose sèvère a bénéficié d'une thérapie génique mise au point à l'Institut François-Jacob du CEA. Avec deux ans de recul, la rémission des signes cliniques est complète.

Publié le 2 mars 2017

​Un essai clinique mené par le Pr. Philippe Leboulch, de l'Institut de biologie François-Jacob, en collaboration avec le Pr. Marina Cavazzana de l'Hôpital Necker-Enfants malades (AP-HP), vient de mener à la rémission complète d'un adolescent atteint d'une forme sévère de drépanocytose. Ce jeune garçon, agé de 15 ans aujourd'hui, n'ayant aucun donneur compatible et présentant des symptômes particulièrement sévères de la maladie, a pris part à l'essai en septembre 2014. Aujourd'hui, il ne nécessite plus aucune transfusion mensuelle, ni la prise d'aucun autre traitement, pour éviter les crises drépanocytaires. Cette rémission complète des symptômes est une première étape et les médecins devront encore attendre quelques années avant de pouvoir parler d'une guérison. Les résultats de cet essai clinique reflètent une nouvelle fois toute la maîtrise de la France dans le domaine de la thérapie génique.

La première phase de l'essai clinique a consisté à prélever des cellules souches hématopoïétiques, à l'origine de la production de toutes les lignées de cellules sanguines, au niveau de la moelle osseuse du patient. Un vecteur[1] viral porteur d'un gène thérapeutique, déjà mis au point pour traiter la ß-thalassémie, a ensuite été introduit dans ces cellules afin de les corriger. Développé à l'Institut François-Jacob, et produit à grande échelle par la société américaine Bluebird Bio[2], ce vecteur lentiviral[3] est capable de transporter de longs segments d'ADN complexes. « Nous avons ensuite réinjecté par voie veineuse ces cellules traitées. Aujourd'hui, deux ans après l'administration du traitement, le patient produit plus de 50 % d'hémoglobine normale (au lieu de 20 %, qui devait suffire à traiter la maladie), avec une inhibition totale des phénomènes pathologiques drépanocytaires », a déclaré le Pr. Leboulch.

En savoir plus .... sur la drépanocytose


Avec 275 000 nouveaux cas dépistés chaque année chez les nourrissons, la drépanocytose est la maladie génétique la plus répandue dans le monde, et la plus courante en France. Due à une mutation génique, elle entraine la production d'hémoglobine anormale. Cette protéine, indispensable à la fonction respiratoire, affecte alors les globules rouges en leur donnant une forme de croissant (falciforme), et non biconcave. Conséquences : les globules déformés sont plus rapidement détruits, la viscosité sanguine augmente et peut entraîner l'obstruction de petites artères. Les symptômes sont extrêmement graves et invalidants : anémie chronique, crises douloureuses vaso-occlusives, sensibilité plus importante aux infections… Le seul traitement curateur aujourd'hui est la greffe de cellules souches de la moelle osseuse pour rétablir une production de cellules normales. Cette intervention lourde, réservée aux cas les plus sévères, impose d'identifier un donneur compatible intra-familial (frère ou sœur), ce qui n'est malheureusement possible que pour une minorité de patients.

On estime que les hémoglobinopathies touchent  7 % de la population mondiale. Parmi elles, la drépanocytose est considérée comme la plus fréquente avec 50 millions de personnes porteuses de la mutation - ayant un risque de transmettre la maladie - ou atteintes. Les anomalies génétiques de la β-globine, drépanocytose et β-thalassémie, sont les maladies héritées les plus répandues dans monde, plus fréquentes que toutes les autres maladies génétiques additionnées.

Philippe Leboulch dans Visages de Sciences / Page 80 - 81

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