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Leucémie myéloïde chronique : une thérapie qui fait ses preuves


​Cibler les cellules souches cancéreuses. Un essai de phase 2 montre l'efficacité de cette approche pensée et conçue à l'Institut de biologie François-Jacob pour traiter les leucémies, en particulier la leucémie myéloïde chronique.

Publié le 28 février 2017

L'Institut de biologie François-Jacob du CEA, en collaboration avec le Service d'hématologie et d'oncologie de l'Hôpital Mignot de Versailles, a mis au point une stratégie thérapeutique pour traiter la maladie résiduelle de la leucémie myéloïde chronique (LMC). Un essai de phase 2 sur 24 patients, avec un recul de 3 ans, montre aujourd'hui le bien-fondé de cette approche. La preuve de concept du double traitement imaginé dans les laboratoires de Fontenay-aux-Roses est faite.

« Notre idée repose sur le fait que dans la LMC, comme beaucoup d'autres cancers, les cellules malades sont hétérogènes. En marge de la masse tumorale, il existe une sous-population de cellules souches leucémiques qui composent le foyer originel des cellules cancéreuses et ne sont pas complètement éliminées par le traitement classique », explique Stéphane Prost, chercheur au CEA. La persistance de ces cellules souches leucémiques résistantes pourrait expliquer les récidives observées chez 50 à 60% des patients lors de l'arrêt des traitements. Après une succession d'études à l'origine dirigées vers le VIH (voir ici), l'équipe de l'Institut de biologie François -Jacob conçoit une thérapie combinant le traitement classique de la LMC (imatibinib), qui cible les cellules cancéreuses différenciées, à la pioglitazone, qui cible les cellules souches leucémiques. Aucun essai préclinique n'a été nécessaire pour engager un processus de phase 2 chez les patients car la pioglitazone bénéficiait préalablement d'une autorisation de mise sur le marché dans le cadre du traitement du diabète de type 2.

« 24 patients ont été traités pendant un an avec cette bi-thérapie, poursuit le chercheur. Le traitement combiné a été bien toléré et 56% des patients ont obtenu une réponse moléculaire profonde, contre 23% dans un groupe de référence. » Cette réponse moléculaire profonde traquée par les scientifiques implique que nous ne sommes plus en mesure, dans la limite de nos moyens techniques, de détecter les marqueurs biologiques qui signent la présence du foyer résiduel de cellules leucémiques. Trois après l'arrêt de la pioglitazone, le pourcentage des patients en réponse moléculaire profonde (56%) a continué de progresser pour atteindre 88%. « Cela suggère que le bénéfice de la pioglitazone perdure et continue en aval, pendant plusieurs années », souligne Stéphane Prost. Suite au succès de cet essai, baptisé Actim, d'autres sont lancés. L'essai Actiw dont le responsable est le Pr P. Rousselot, à Versailles, teste l'effet de la pioglitazone associée à plusieurs traitements de la LMC. Deux autres essais dirigés par les Pr. P. Rousselot, à Versailles et J. Khoury, à Atlanta, évaluent cette stratégie thérapeutique pour la prise en charge de patients en rechute après un premier arrêt du traitement conventionnel (le risque de rechute envisagé lors d'un second arrêt est alors élevé, environ 85%). En parallèle, des essais cliniques pour traiter les leucémies aiguës myéloblastiques avec cette stratégie démarrent.

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