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Tracer un anévrisme


​Une équipe de l'Institut Frédéric-Joliot du CEA a développé des nouvelles sondes optiques pour de l'imagerie non invasive. Ces outils chimiques conduiraient au développement d'agents diagnostiques pour mieux caractériser le risque d'anévrisme aortique. 

Publié le 5 mai 2017

Dans le cas de processus nécessitant un remodelage tissulaire tels que la cicatrisation ou la croissance embryonnaire, des protéines assurent la réorganisation de la matrice jointive entre les cellules. Ces protéines se nomment les metalloprotéases de la matrice ou MMP. La première MMP a été identifiée chez le lézard, dont la queue se renouvelle quand elle est coupée. On sait aujourd'hui que l'Homme détient 23 MMP différentes. « Ces MMP sont sécrétées sous forme inactive et s'activent si besoin, explique Laurent Devel, chercheur à l'Institut des sciences du vivant Frédéric-Joliot. Il faut des mécanismes subtils de contrôle pour que les MMP n'agissent qu'en cas de besoin et ne désintègrent pas les tissus. » Lorsque qu'il y a déséquilibre entre les formes actives et inactives, c'est l'anarchie !

Une activité anarchique des MMP a été observée dans un certain nombre de cancers et lors de processus pathologiques à composante inflammatoire. A la fin des années 1990, des premiers essais cliniques ciblant les MMP pour empêcher la croissance des cellules cancéreuses avaient donné des résultats inverses à ceux attendus. « Depuis, nous avons assisté à un changement de paradigme. Nous savons en effet que, dans un contexte pathologique donné, certaines MMP vont supporter le développement de la maladie alors que d'autres font l'inverse, précise le chercheur. Avant d'envisager une quelconque intervention thérapeutique, il nous faut donc mieux comprendre le rôle fonctionnel de chaque MMP. Pour ce faire, des outils chimiques ciblant sélectivement une MMP donnée sont nécessaires. De tels outils pourraient par ailleurs permettre de réaliser un diagnostic plus précis de l'état d'avancement du processus pathologique. » 

Une équipe de l'Institut Frédéric-Joliot, en collaboration avec des chercheurs de l'université de Yale, a choisi l'une d'entre elles, la MMP12, autrement appelée la macrophage élastase. Cette enzyme intervient dans un certain nombre de processus inflammatoires tels que l'emphysème, l'asthme, l'athérosclérose ou l'anévrisme aortique correspondant à une dilation de l'aorte thoracique pouvant conduire à sa rupture. « Nous avons identifié un ligand qui reconnaît sélectivement la MMP12, explique Laurent Devel. Nous lui avons greffé une 'étiquette' fluorescente de façon à pouvoir le suivre en imagerie optique. » Après avoir montré que ses propriétés de reconnaissance vis-à-vis de la MMP12 n'étaient pas affectées, les scientifiques ont testé leurs sondes dans un modèle murin d'anévrisme, dans lequel la MMP12 est surexprimée. « Jusqu'à maintenant, les agents d'imagerie testés dans les modèles précliniques proposaient de suivre toutes les MMP en même temps, poursuit le chercheur. Avec les outils que nous avons développés, nous sommes capables d'observer plus spécifiquement la MMP12 ». Ces résultats pourraient mener au développement de nouveaux traceurs dédiés à l'imagerie moléculaire de la MMP12 chez l'Homme. De tels agents d'imagerie permettraient non seulement de diagnostiquer plus finement les risques d'anévrisme, mais également de mieux évaluer l'efficacité des traitements.

Carotide saine (à gauche) et avec anévrisme (à droite). En bleu, les noyaux cellulaires, en rouge, la sonde optique et en vert, MMP12. Les zones orangées montrent le recouvrement de la sonde et de MMP12. Barre d'échelle : 50 microns. © CEA



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