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Halte à la ricine… et plus !


Une molécule s’avère capable de réduire la sensibilité des cellules à de nombreuses toxines et virus particulièrement virulents. Des scientifiques de l’Institut Frédéric-Joliot du CEA ont décrypté ce mécanisme de protection.

Publié le 9 février 2018
La ricine est une toxine de plante dont on redoute l'usage à des fins criminelles ou bioterroristes. Dans le cadre du programme interministériel de R&D contre les risques NRBC-E, confié par les pouvoirs publics au CEA, deux équipes de chercheurs de l’Institut Frédéric-Joliot ont criblé une banque de 16,000 petites molécules (ChemBridge™ DIVERSet™) afin d'identifier des composés actifs contre la ricine. Trois molécules capables de protéger les cellules ont été isolées. Les deux premières ont fait l’objet d’études antérieures.

La troisième, dénommée ABMA, vient de livrer ses secrets aux chercheurs. En plus de lutter contre la ricine, cette molécule pourrait devenir une stratégie de lutte contre de nombreuses toxines bactériennes (diphtérie, charbon, ToxB de C. difficile, LT de C. sordellii), trois virus (Ebola, rage et dengue), le parasite de la leishmaniose et deux bactéries intracellulaires responsables d'infections pulmonaires, oculaires et génitales (Simkania negevensis et Chlamydia trachomatis) ! 

« Nous avons découvert qu’ABMA perturbe dans la cellule une voie de transport utilisée par tous ces microorganismes, explique Daniel Gillet, chercheur à l’Institut Frédéric-Joliot. Il s’agit de la voie permettant  à la cellule de trier et d’évacuer les éléments dont elle n’a pas besoin suite à l’internalisation d’éléments extérieurs comme les nutriments ou les toxines par exemple. Cette voie passe par les endosomes précoces, qui enferment les éléments extérieurs, et les endosomes tardifs, qui véhiculent les éléments destinés à être dégradés. En présence du composé ABMA, les endosomes tardifs s'accumulent et leur contenu n'atteint pas les compartiments de dégradation. » Les chercheurs ont également montré que la molécule ABMA est capable de protéger des souris contre une dose mortelle de ricine.

Des analogues optimisés d’ABMA sont d'ores et déjà à l'étude pour obtenir des molécules à visée thérapeutique anti-infectieuse de spectre large.

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