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Résultat scientifique | Impact du changement climatique

Quel est l’impact d’une crue de la Seine sur la qualité de l’eau ?


​L'analyse des traces sédimentaires laissées par une crue exceptionnelle permet de mieux comprendre l'impact de la crue sur la qualité de l'eau. Des chercheurs du LSCE en apportent la preuve en étudiant la crue de la Seine de mai-juin 2016. 
Publié le 8 juin 2018
​La crue de la Seine de 2016 reste sans précédent pour un mois de juin… depuis 1649 ! Le 3 juin, elle atteignait plus de six mètres de hauteur d'eau à Paris tandis que le Loing, l'Yerres, l'Essonne, l'Yonne aval ou l'Orge provoquaient des inondations hors normes. Dès les premiers signes de décrue, des chercheurs s'étaient mobilisés pour collecter le matériel sédimentaire qui se dépose au retrait des eaux, appelé « laisses de crue ». En zone urbaine, il faut faire vite car le nettoyage des berges efface rapidement toute trace de la crue.
 J. Patrick Laceby (LSCE)

Or l'agence de l'eau Seine-Normandie (AESN) et la direction régionale et interdépartementale de l'environnement et de l'énergie (DRIEE) ont été sollicitées pour étudier l'impact d'une telle crue sur la qualité de l'eau si elle se produisait pendant les Jeux Olympiques de 2024, en été. L'épreuve de la nage en eau libre et le départ du triathlon sont en effet prévus dans la Seine intra muros.

Pour répondre à cette demande, les chercheurs ont caractérisé à la fois l'origine et l'âge des laisses de crue de 2016 afin d'identifier les processus en jeu lors de la crue. Pour cela, ils ont mis en œuvre des techniques de géochimie élémentaire et isotopique et de mesures de radionucléides environnementaux. Ainsi par exemple, le 7Be provient uniquement de l'atmosphère via la pluie, ce qui permet de distinguer l'origine récente des particules collectées dans les laisses de crue (par ruissellement sur les sols).

  • En amont de Paris, les sédiments proviennent presque exclusivement de la remobilisation de dépôts anciens, assez fortement contaminés. Les contaminations les plus significatives (Cd, Cu, Pb, Sb, Zn) ont été enregistrées pour le Loing, l'Orge et l'Yvette.
  • Dans Paris et son proche aval, les sédiments résultent d'un mélange de particules récemment lessivées des sols urbains proches et de l'érosion des sols agricoles de l'amont, avec une contamination modérée (As, Cd, Cu, Pb, Sb, Zn).
  • Les particules délivrées par la Seine à son estuaire sont finalement peu contaminées au regard des sédiments collectés au cours des dernières décennies. Ces observations confirment une baisse de la contamination pour certains métaux (Zn, Cu, Cd, Pb, Hg), que la « purge » des affluents urbains par la crue ne peut qu'accentuer.
En termes opérationnels, les laisses de crue apparaissent comme un outil particulièrement pertinent pour reconstituer l'impact d'une crue sur la qualité de l'eau, compte tenu des difficultés pratiques de prélèvement d'eau lors d'un tel évènement.

Ce travail a été réalisé en collaboration avec le laboratoire Metis (Milieux environnementaux, transferts et interactions dans les hydrosystèmes et les sols) CNRS - Université Paris Sorbonne.

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