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Prix Nobel de médecine : l'autophagie à l'honneur


​Emmanuel Taillebourg, chercheur au CEA-BIG, revient sur le Prix Nobel de médecine attribué le 3 octobre dernier au Japonais Yoshinori Ohsumi pour ses travaux sur l’autophagie.

Publié le 27 octobre 2016

CEA Sciences : Qu'est-ce que l'autophagie ?

Emmanuel Taillebourg : L'autophagie vient du grec « se manger soi-même ». Il s'agit d'un processus d'auto-nettoyage de la cellule qui lui permet de se débarrasser de certains composants obsolètes ou inactifs. Les déchets sont groupés dans des petits 'sacs' appelés autophagosomes puis dégradés par des enzymes 'digestives'.

CS : Pourquoi avoir primé un chercheur travaillant sur ce processus, et en particulier Yoshinori Ohsumi ?

ET : Les recherches sur l'autophagie explosent depuis une dizaine d'années. On a longtemps pensé qu'il s'agissait d'un mécanisme activé par la carence en nutriments avant de s'apercevoir que l'autophagie joue un rôle majeur dans le maintien de l'intégrité cellulaire en dégradant les mitochondries [1] endommagées, certaines bactéries intracellulaires ou des agrégats protéiques. Yoshinori Ohsumi a identifié chez la levure les gènes impliqués dans l'autophagie. Ces gènes existent aussi chez l'homme.

 CS Quel sera l'impact de ces recherches sur la médecine ?

ET : Beaucoup de molécules régulant l'autophagie sont actuellement en cours d'essais cliniques, notamment dans le champ des maladies neurodégénératives et du cancer. Certaines pathologies neurodégénératives, comme Alzheimer, sont caractérisées par l'accumulation d'agrégats protéiques sur les neurones. L'idée consiste ici à activer l'autophagie pour dégrader ces agrégats. Par ailleurs, la stimulation de l'autophagie permettrait d'éliminer les 'vieilles' mitochondries1 qui peuvent participer au développement de cancer via la production d'un stress oxydatif altérant l'ADN.  

 CS : Vos travaux sur l'autophagie ont débuté… par hasard. Racontez-nous.

ET : Notre équipe, au laboratoire Biologie à grande échelle du CEA-BIG, s'intéresse depuis plusieurs années à la régulation de la réponse immunitaire de la drosophile. Nous avons identifié un gène dont la surexpression affaiblit la réponse immunitaire et qui exprime une protéine appartenant à la famille des déubiquitinases. Nos travaux ont révélé que, en plus de son rôle dans la réponse immunitaire, cette protéine régule également le processus d'autophagie !


[1] Centrale énergétique des cellules


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