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Climat

La météo des XVIIIe et XIXe siècles bientôt reconstituée ?


​Le projet CHEDAR a pour objectif d’évaluer la capacité des modèles numériques à simuler les séquences météorologiques emblématiques (vagues de chaleur ou de froid, épisodes post-éruption volcanique…) des XVIIIe et XIXe siècles, avant la mise en place des grands réseaux de stations météorologiques. Financé par l’ANR, il réunit des climatologues du LSCE (CNRS/CEA/UVSQ), laboratoire coordinateur du projet, du LMD (CNRS/ENS/UPMC/Ecole Polytechnique), de Météo-France et des historiens du CHRQ (CNRS/Université de Caen Basse-Normandie).

Publié le 4 avril 2012

L’une des étapes du projet, la numérisation de relevés météorologiques du fonds d’archives de la Société royale de médecine, vient de s’achever. Les documents sont aujourd’hui consultables sur un site accessible au grand public : http://meteo.academie-medecine.fr.

Quelles conditions météorologiques ont régné en France au cours des XVIIIe et XIXe siècles ? C’est la question à laquelle le projet CHEDAR tente de répondre. La première étape de ce travail consiste à établir le meilleur "catalogue" possible des données disponibles sur cette période. Le premier réseau français de stations météorologiques pour la prévision du temps, dont les données sont archivées par Météo-France, a été mis en place en 1855. Mais avant cette date, la météorologie suscite déjà l’intérêt des savants et des érudits. En France, la Société royale de médecine est la première à développer un réseau d’observateurs, essentiellement des médecins et des pharmaciens, afin d’établir une corrélation entre les conditions climatiques et la morbidité. Ce réseau, qui compte quelque 150 contributeurs, couvre la France, et s’étend ponctuellement en Italie, en Autriche, en Allemagne, aux Etats-Unis et à Madagascar. Trois fois par jour, les observateurs relèvent des mesures de température, de pression de l’air, d’humidité, notent la direction des vents et commentent l’état du ciel. Conservés à la Bibliothèque de l’Académie nationale de médecine, ces relevés ont été numérisés et sont désormais accessibles sur un site internet dédié ouvert par la Bibliothèque de l’Académie.

Le projet a aussi exploité des données sanitaires obtenues dans les hôpitaux, des données d’archives régionales et municipales et des observations effectuées par des scientifiques amateurs. Il utilise enfin des observations datant de la période 1781-1790 issues du second grand réseau météorologique européen de l’époque, mis en place par la Société Palatine dans 24 villes d’Europe de l’Est, ainsi qu’à Dijon, Marseille et La Rochelle.

Ces documents d’archives constituent toutefois des sources de données ponctuelles et hétérogènes, puisque elles sont issues de techniques de mesures différentes selon les lieux et les dates. Pour décrire quantitativement et de manière homogène, sur toute leur durée, les épisodes climatiques majeurs ayant eu lieu aux XVIIIe et XIXe siècles, les chercheurs ont recours à la simulation numérique. Les données d’archives collectées serviront de points de comparaison pour évaluer la capacité des modèles à simuler les catastrophes climatiques que les historiens décrivent.

Le projet CHEDAR s’inscrit dans le cadre des activités de sauvegarde des données anciennes engagées par la communauté d’étude du climat. Il illustre les efforts entrepris pour consolider une mémoire du passé et améliorer le diagnostic sur l’évolution du climat.

A ce stade, le projet s’est essentiellement focalisé sur un évènement pour lequel les conditions météorologiques ont joué un rôle déterminant : l’éruption du Laki (1783) en Islande, qui a eu des répercussions durables sur la qualité de l’air et la santé, avec une importante surmortalité en France dans les semaines et mois qui ont suivi. De nombreuses données d’observation ont été recueillies dans le cadre de CHEDAR décrivant les brumes, la couleur du soleil, l’odeur de soufre. Pour évaluer le transport des espèces gazeuses et des aérosols au-dessus de la France, les chercheurs ont utilisé un modèle climatique régional (résolution 25 km) et le modèle de chimie-transport CHIMERE, développé par l’Institut Pierre-Simon Laplace. Ils vont maintenant comparer ces simulations aux observations. Des évènements purement climatiques (vagues de froid, sécheresse …) vont également être simulés numériquement et feront l’objet du même type d’analyse. Les conclusions du projet CHEDAR sont attendues en 2014. Si la fiabilité des simulations est confirmée, les scientifiques disposeront d’une base de données décrivant quantitativement et qualitativement et de manière homogène des évènements marquants des XVIIIème et XIXème siècles.

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Réponse aux questions posées par la Société royale de médecine sur les estats [états] du froid de l’hiver 1788-1789 à Muret en Comminges SRM carton 158 dossier 12 pièce 18 (fol. 1)
© Bibliothèque de l'Académie nationale de médecine

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