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Glucocorticoïdes : quels effets sur le mélanome ?


Une collaboration entre les Instituts Frédéric-Joliot et François-Jacob du CEA montre que certains corticoïdes retardent, voire court-circuitent, un effet naturel protecteur contre le mélanome.

Publié le 19 septembre 2019
Le mélanome est un cancer cutané rare (2 à 3 % des cancers), mais son incidence annuelle est en constante augmentation depuis 50 ans. Il est lié à des mutations successives du génome des mélanocytes, les cellules pigmentées de la peau. Mais les mutations ne sont pas forcément toutes délétères ! Les généticiens ont en effet retrouvé dans un mélanome sur deux la mutation V600E sur le gène B-RAF, qui,  lorsqu’elle est exprimée dans des cellules sans autre mutation associée au cancer, arrête la prolifération d'une manière particulière, potentiellement définitive. On parle alors de sénescence cellulaire, un effet protecteur vis-à-vis du cancer. Les grains de beauté sont d'ailleurs composés de mélanocytes sénescents, et dans la plupart des cas, ils restent bénins. Cependant, et c'est la deuxième observation, plus du quart des mélanomes se développent à partir d’un grain de beauté. Ainsi, pour que des mélanocytes porteurs de la mutation B-RAF-V600E se transforment en cellules malignes, les scientifiques imaginent que l’apparition de mutations supplémentaires (liées à l’exposition aux UV par exemple) permet d'échapper à leur sénescence et de recommencer ou de continuer à proliférer.

Une équipe de l’I2BC, en collaboration avec l’Institut Frédéric-Joliot et l’Institut François-Jacob, étudie les mécanismes de la sénescence cellulaire déclenchée par B-RAF-V600E ou d'autres stress comme les dommages de l'ADN. Après un crible d’une banque de molécules qui avait montré un effet des glucocorticoïdes  sur la sénescence, les chercheurs ont décidé d’étudier leurs effets sur la sénescence induite par B-RAF-V600E. Ils ont montré qu’un glucocorticoïde, le clobétasol, retarde ou court-circuite l’entrée en sénescence induite par l’expression de la mutation B-RAF-V600E. Cette hormone perturberait donc l’effet protecteur de la mutation contre le cancer. Comment ? Les scientifiques ont montré que le clobétasol cible un gène spécifique produit par la mutation B-RAF-V600E. Il s’agit d’EGR1. Ils ont ainsi montré que EGR1 est important pour un arrêt rapide de la prolifération dans les cellules qui expriment B-RAF-V600E et qu'il est une cible des glucocorticoïdes.

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