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De l’avantage d’être infecté par un virus


​L’évolution d’un virus intégré depuis des millions d’années dans un génome eucaryote est totalement différente lorsqu’il est utile à l’organisme qui l’héberge. C’est ce que révèlent les travaux d’une collaboration internationale à laquelle a participé le CEA-Jacob sur le génome de guêpes du genre Cotesia.

Publié le 8 mars 2021

​Les virus ne sont pas toujours néfastes : ils peuvent apporter de nouvelles fonctions aux organismes qu’ils infectent. Un exemple spectaculaire est l’intégration, il y a 100 millions d’années, d’un bracovirus dans le génome des guêpes parasites du genre Cotesia. Ces guêpes attaquent des chenilles dans lesquelles leur progéniture se développe. Pour cela, elles fabriquent massivement des particules de bracovirus et les injectent, en même temps que leurs œufs, dans le corps de la chenille. Ces particules assurent la production de facteurs de virulence qui vont inhiber les défenses immunitaires de la chenille et modifier sa physiologie, rendant ainsi possible le développement des larves de guêpes à l’intérieur de son corps. 

Un consortium international vient de montrer que les gènes du virus ont colonisé tous les chromosomes des guêpes parasites. Ce résultat a été obtenu grâce à la collaboration de plusieurs laboratoires du Genoscope (CEA-Jacob) membre de ce consortium, qui a séquencé puis réalisé l’assemblage complet du génome de différentes espèces de guêpes du genre Cotesia

Alors que les virus intégrés dans les génomes se dégradent en général peu à peu et finissent par être complétements éliminés, les gènes du bracovirus se sont dispersés dans l’ensemble des chromosomes de la guêpe. Cependant, certaines régions chromosomiques concentrent des gènes spécialisés dans des fonctions virales telles que la formation des particules et des cercles d’ADN introduites dans les chenilles. La comparaison de ces régions entre différentes espèces de guêpes Cotesia montre que cette architecture est conservée, ce qui suggère l’action de fortes contraintes évolutives dans leur maintien. Malgré l’activité massive de production des particules, l’analyse de l’expression des gènes de l’immunité de la guêpe montre qu’elle ne considère pas le virus comme un corps étranger. Ainsi, après 100 millions d’années de domestication, le virus a été complétement intégré à la physiologie de la guêpe.

Jusqu’à présent la domestication de virus complexes n’a été mise en évidence que chez les guêpes parasites, mais elle pourrait constituer un mécanisme plus général de l’évolution permettant l’acquisition de nouvelles fonctions telles que la capacité de délivrer des gènes ou des protéines par l’intermédiaire de particules ou d’enveloppes virales.
Ce travail apporte des connaissances fondamentales sur le patrimoine génétique d'auxiliaires de l'agriculture dans l’objectif de développer ou renforcer des systèmes durables de production agricole.




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