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L’histoire du qin Qiulai révélée par le carbone 14


​Grâce à des études interdisciplinaires incluant notamment la datation par le carbone 14, des chercheurs du LSCE (CEA-CNRS-UVSQ) et leurs partenaires brossent le portrait d'une cithare de table chinoise, fabriquée au tournant du 18e siècle selon les règles de l'art. Quel raffinement !
Publié le 12 octobre 2021

Le qin est une cithare chinoise traditionnelle à sept cordes, dont l'origine remonte à plus de deux millénaires. Malgré son apparente simplicité, il permet une grande variété de sons. Mais au-delà des images sonores élaborées qu'il produit, il est vénéré comme une œuvre d'art raffinée, dont la forme est imprégnée d'une forte signification symbolique. Les différentes parties de l'instrument font référence au dragon, au phénix, au ciel et à la Terre.

Il est considéré comme un des objets qui incarnent le mieux la pensée chinoise. Au cours de la Révolution culturelle, il a été la cible de nombreuses destructions et en 2008, il a été inscrit sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'Unesco.

En 2012, un qin nommé Qiulai (Résonances automnales) est redécouvert dans la collection du musée du Conservatoire national des arts et métiers à Paris. Il présente un état de conservation exceptionnel et peut prétendre être l'un des plus anciens qin des collections européennes, même si sa provenance reste mystérieuse.

Le corps de l'instrument est en bois, entièrement recouvert de laque, noire sur la face avant et rouge sombre sur la face arrière. Curieusement, il ne compte aucune fissure (considérée comme un signe précieux d'ancienneté). Il porte différentes inscriptions calligraphiées :

  • des informations sur sa fabrication (datée de 1712),
  • le sceau d'un joueur et fabricant de cithare réputé, Tang Kai, en activité au 18e siècle,
  • un extrait d'un poème célèbre.

Le qin Qiulai a été étudié avec une approche innovante combinant :

  • une expertise muséale,
  • des analyses de matériaux : microscopie optique, imagerie dans les domaines visible, infrarouge et ultra-violet, fluorescence X, spectroscopie de rayons X à dispersion d'énergie, spectroscopie Raman,
  • une technologie avancée de datation par la mesure du carbone 14 (Mini carbon dating system, MICADAS au LSCE) sur de micro-échantillons (de 0,2 à 1,4 mg).

Cet examen minutieux révèle que sa fabrication est conforme aux pratiques traditionnelles mentionnées dans les traités et poèmes de la dynastie Qing (1644-1912), en particulier la réutilisation d'un bois symbolique.

Il existe en effet un hiatus entre la datation du bois appartenant à la famille de l'if et celle des autres éléments (laque, etc.) qui prouve la réutilisation d'un matériau provenant d'un bâtiment tel qu'un temple par exemple. Par ailleurs, la laque noire contient du noir d'os et de la malachite broyée, en adéquation avec les recettes traditionnelles à base de bois de cerf en poudre et de pierres broyées – l'ajout de minéraux visant à parfaire les propriétés acoustiques de l'instrument.

La mesure du carbone 14 confirme l'ancienneté du qin "Qiulai" qui a très probablement été fabriqué dans un court intervalle d'environ 40 ans au tournant du 18e siècle, entre 1659 et 1699.

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