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Paludisme : une fonte accélérée de la calotte groënlandaise redessinerait la carte des risques de transmission


​Selon des chercheurs du LSCE (CEA-CNRS-UVSQ) et leurs partenaires, il faut prendre en compte la fonte de la calotte groenlandaise et pas seulement les émissions de gaz à effet de serre pour prédire à l'horizon 2100 la répartition géographique du risque lié au paludisme.
Publié le 22 juillet 2021

Le paludisme, qui sévit majoritairement en Afrique, est causé principalement par le parasite Plasmodium falciparum. Celui-ci est transmis aux humains uniquement par la piqûre de moustiques du genre Anopheles. Or les populations de moustiques varient avec les températures et les précipitations quand le parasite n'est sensible qu'aux températures. L'évolution du risque de transmission est donc étroitement liée à celle du climat. À partir de modèles climatiques et de paludisme, il est donc possible de déterminer le risque lié au paludisme pour différents scénarios d'émissions de gaz à effet de serre.

Pour le siècle à venir, des simulations à partir d'un scénario extrême ont montré que le réchauffement global aura un impact sur la répartition du paludisme, avec une diminution du risque au Sahel où les températures deviennent excessives et une augmentation sur les hauts plateaux est-africains où elles favorisent davantage la transmission du parasite.

Un événement climatique majeur n'a cependant pas été pris en compte dans ces simulations climatiques : la fonte rapide de la calotte groenlandaise. Celle-ci pourrait provoquer un relâchement massif d'eau douce en Atlantique Nord qui ralentirait la circulation océanique et impacterait fortement la dynamique atmosphérique.

Pour connaître son effet sur les projections en matière de paludisme, des chercheurs du LSCE ont comparé deux scénarios :

  • RCP8.5 (Representative Concentration Pathway) associé à des émissions de CO2 élevées, représentant un apport d'énergie excédentaire de 8,5 W/m² sans prise en compte de la fonte de la calotte groenlandaise,
  • ICE1m associé aux mêmes émissions, mais avec une fonte de la calotte équivalente à une augmentation du niveau marin global d'un mètre.

La fonte de la calotte glaciaire atténue le réchauffement et déplace la mousson africaine vers le sud, ce qui modifie la répartition géographique du risque de paludisme simulé. Celui-ci recule davantage au Sahel mais à l'inverse, augmente moins sur les hauts plateaux est-africains qu'avec RCP8.5. Plus surprenant, une zone à risque, jusque-là absente des radars, apparaît dans le sud de l'Afrique.

Il est donc nécessaire d'inclure des ruptures non linéaires telles que la fonte des calottes, de la banquise ou du permafrost pour décrire les multiples impacts du changement climatique sur les sociétés humaines.

Ces travaux ont été réalisés en collaboration avec le Centre international de physique théorique (Italie) et l'Université de Liverpool (Grande-Bretagne).

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