Énergies

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Le CEA apporte aux pouvoirs publics et aux industriels les éléments d'expertise et d'innovation pour la mise en œuvre d'un système énergétique bas carbone. Cette mission est portée par l’ensemble de ses directions opérationnelles, au premier rang desquelles la Direction des énergies (DES).

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Les recherches menées au CEA sur les énergies bas carbone s'appuient sur un socle de recherches amont, sur le développement d'outils de simulation prédictifs et sur un parc d'installations expérimentales pour certaines uniques au monde. »

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Le nombre de grands programmes qui structurent les recherches du CEA sur les énergies bas carbone

Pour répondre aux enjeux actuels et futurs de la transition énergétique, nécessaire pour lutter contre le réchauffement climatique et assurer la durabilité de nos modes de vie, le CEA privilégie une approche qui intègre non seulement les aspects scientifiques mais aussi les dimensions technico-économiques, sociétales et politiques pour structurer ses recherches.

Objectif : atteindre la neutralité carbone en 2050. Réussir cette transition majeure exige de bâtir, dès aujourd’hui, un système énergétique le plus sobre possible tout en permettant à chacun et chacune d’en tirer au quotidien tous les bénéfices - en termes d’éclairage, de chauffage, de transports… - dans les meilleures conditions. Cela implique de prendre en compte l’ensemble des composantes du système : production d’énergies bas carbone pour s’affranchir des fossiles (pétrole, charbon), fonctionnement et optimisation des réseaux énergétiques (stockage, pilotage, conversion), distribution à différentes échelles (du national au territorial), limitation des pertes (efficacité énergétique, maîtrise de la consommation) et recyclage des matières.

Le CEA est l’un des seuls organismes de recherche français qui travaille à la fois sur les deux types d’énergies bas carbone disponibles aujourd’hui - nucléaire et renouvelables - mais également sur des thématiques transversales comme la gestion des réseaux, le stockage d’énergie, la simulation ou encore le pilotage des sources et de la consommation. Il est ainsi idéalement positionné pour développer l’indispensable approche intégrée de la problématique énergétique. En 2020, à la demande des pouvoirs publics, et sur la base d’un travail de réflexion interne mené pour répondre au plus près aux défis majeurs que soulève la transition énergétique, le CEA a restructuré ses recherches et créé la Direction des énergies (DES) pour couvrir l’ensemble du domaine.

Cette démarche répond à deux ambitions majeures. La première est d'accompagner la puissance publique et les industriels (les PME-PMI comme les grands groupes) pour produire des feuilles de route pour les différentes technologies qui contribueront à la neutralité carbone à l’horizon 2050 et, plus généralement, évaluer la pertinence de différents scénarios énergétiques. Seconde ambition : privilégier, du point de vue de la science et de celles et ceux qui la font, une approche partagée et transversale.

Structurées en treize grands programmes, les recherches menées au CEA sur les énergies bas carbone s'appuient sur un socle de recherches amont, sur le développement d'outils de simulation prédictifs et validés ainsi que sur un parc d'installations expérimentales pour certaines uniques au monde. Ces recherches s’articulent selon quatre grands axes.


AXE 1

La production d'énergies décarbonées

avec le soutien au nucléaire d’aujourd’hui et de demain (réacteurs de 2e et 3e générations, cycle du combustible, réacteurs de 4e génération, SMR, défense), le développement de systèmes couplés (SMR non électrogènes associant le nucléaire à l'hydrogène ou à la fourniture de chaleur) et du solaire photovoltaïque. Le CEA travaille également sur la production d’hydrogène par électrolyse haute température et contribue ainsi activement à la constitution d’une filière industrielle française de l’hydrogène.

AXE 2

Le fonctionnement technique du système énergétique

pour en renforcer l’efficacité et la sobriété (outils de flexibilité et de stockage des énergies, pilotage intelligent de la demande sur les réseaux, conversions entres énergies).

AXE 3

La gestion des ressources disponibles

(matières et matériaux) en pensant l’ensemble de leur cycle de vie (depuis les procédés utilisés pour leur fabrication jusqu’à leur recyclage) et en étudiant les moyens de convertir le CO2 en énergie utile (économie circulaire du carbone).

AXE 4

La performance du système global

dont la progression est étudiée via l’évaluation de différents scénarios énergétiques intégrant une approche technico-économique.

Les résultats obtenus en 2020 et début 2021 ainsi que ceux attendus durant les mois à venir concrétisent cette stratégie globale de recherche.




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Faits marquants 2020

Photovoltaïque à hétérojonction : transfert réussi !
Énergies décarbonées

Photovoltaïque à hétérojonction : transfert réussi !

— Après la finalisation, fin 2019, du transfert à ENEL Green Power de la technologie HET développée au CEA-Liten, ses équipes ont mené avec l’industriel, en 2020, plusieurs campagnes d’optimisation qui ont permis de franchir la barre des 25 % de rendement. L’usine de Catane en Sicile (Italie) a atteint une capacité de production annuelle de 200 MW. Ce record de rendement positionne l’hétérojonction sur la feuille de route mondiale des technologies photovoltaïques premium et préfigure le retour de l’Europe dans le groupe restreint des producteurs de cellules photovoltaïques. Ces technologies seront incontournables pour réussir la transition énergétique dans les pays qui font face à des contraintes foncières importantes.

HET : L’hétérojonction (HET) constitue une des meilleures pistes de technologie à haut rendement pour le photovoltaïque. Cette solution associe deux matériaux semi-conducteurs différents, par exemple une couche de silicium cristallin et une couche de silicium amorphe (là où l’homojonction associe deux zones d’un même matériau).
CEA-Liten : institut de la Direction de la recherche technologique dédié à la création de solutions en réponse aux enjeux climatiques, énergétiques et environnementaux.

La production d’hydrogène monte en puissance
Énergies décarbonées

La production d’hydrogène monte en puissance

— La technologie d’électrolyse haute température, développée par le CEA, a fait des progrès significatifs en 2020. Les travaux ont porté sur deux axes : l’amélioration de la durabilité de la cellule céramique par une meilleure compréhension des mécanismes de dégradation en lien avec sa microstructure, et les premières réalisations d’un stack nouveau format. La nouvelle architecture conçue pour les futurs stacks de puissance (x 6 par rapport aux stacks fabriqués jusqu’à présent au CEA) a été validée sur des stacks intermédiaires, réalisés et testés sur les équipements de l’atelier pilote du CEA-Liten à Grenoble. Ces développements seront transférés à la société Genvia (créée conjointement avec Schlumberger en mars 2021) en charge de l’industrialisation de la technologie.

CEA-Liten : institut de la Direction de la recherche technologique dédié à la création de solutions en réponse aux enjeux climatiques, énergétiques et environnementaux.

Fonctionnement du système énergétique
Fonctionnement du système énergétique

Cap sur les batteries du futur !

Trois questions à Séverine Jouanneau, chef du Département de l’électricité et de l’hydrogène pour les transports (DEHT) du CEA-Liten.

Comment se positionne le CEA-Liten en support de la filière batteries ?

S. J. : Le CEA-Liten s’inscrit dans une dynamique impulsée en Europe pour soutenir la filière batteries, en jouant un rôle d’accompagnement en R&D pour les industriels sur toute la chaîne de valeur. Nous travaillons notamment sur l’amélioration des matériaux pour les électrodes, des procédés de fabrication, des électrolytes et des chimies, et jusqu’à la mise en œuvre des technologies développées et leur évaluation sur des prototypes de cellules. Côté matériaux, nous cherchons, par exemple, à améliorer les composants lamellaires des électrodes positives afin de réduire la quantité de cobalt, et donc leur impact environnemental. Dans tous les cas, il s’agit de caractériser finement les phénomènes qui se produisent aux interfaces afin de les optimiser, ce qui est crucial pour les performances.

Quels sont les résultats marquants de l’année 2020 ?

S. J. : En 2020, nous avons réussi à produire et à mettre en œuvre les premières électrodes par extrusion plutôt que par enduction ! Ce procédé permet de s’affranchir de l’utilisation de solvants toxiques et difficiles à retraiter. Nous avons été jusqu’à la réalisation de premières cellules et les tests de leurs performances laissent entrevoir des résultats à la hauteur des attentes. Côté matériaux, nous avons identifié plusieurs pistes de travail pour développer des électrolytes hybrides voire solides. Par rapport aux électrolytes liquides actuels, ils permettent de concevoir des cellules beaucoup plus compactes et plus sûres. Enfin, concernant les électrodes, nous avons amélioré les performances des matériaux existants et sélectionné ceux qui seront intégrés dans les premières batteries lithium-ion de 3e génération qui sortiront des usines françaises en 2023-2024.

Quels sont les défis à venir ?

S. J. : La 3e génération étant à peu près prête, nous allons concentrer nos efforts sur les suivantes. Pour la 4e génération, nous avons déjà identifié des électrolytes candidats : il faut maintenant sélectionner et mettre en œuvre celui ou ceux qui permettront d’atteindre les performances industrielles visées. Quelques verrous restent à lever, comme la maîtrise des interfaces au sein d’une batterie « tout solide », pour maintenir de bonnes conductions ionique et électronique. Pour les suivantes, nous travaillons, par exemple, sur des technologies en rupture comme la chimie lithium-soufre qui permettrait de passer encore un gap en termes de performances. Ces recherches, et les développements futurs, seront orientés par les impacts environnementaux du cycle de vie et du recyclage de ces produits. Et ce dès le choix des composants et des procédés, ou encore de la conception.

CEA-Liten : institut de la Direction de la recherche technologique dédié à la création de solutions en réponse aux enjeux climatiques, énergétiques et environnementaux.
Enduction : Traitement de surface qui consiste à appliquer un revêtement généralement liquide sur un support (papier, textile, film plastique, métal, etc.), suivi d'un séchage et éventuellement d'une réticulation (formation d’un ou plusieurs réseaux tridimensionnels par voie chimique ou physique).
3e génération : La 3e génération de batteries lithium-ion (et les suivantes) améliore les performances, notamment en termes de capacités de stockage d’énergie, des deux premières générations actuellement commercialisées.

Les piles à combustible comptent sur TRUST
Simulation

Les piles à combustible comptent sur TRUST

— La modélisation et la simulation numérique des piles à combustible de type PEMFC sont développées depuis plus de 15 ans au CEA-Liten, en particulier aux échelles microscopiques (électrode, théorie des milieux poreux) et à celle de la cellule. Objectif : disposer de résultats de simulation de référence sans compromis sur la géométrie complexe de cette technologie ni sur la fidélité physique des phénomènes qui s’y jouent. Les PEMFC ont un caractère multi-physique et multi-échelle très marqué et une simulation de référence pour cette technologie nécessite la puissance du calcul haute performance (HPC). D’où le recours à la plateforme CFD TRUST de la Direction des énergies, développée initialement pour des applications nucléaires afin de bénéficier à la fois de sa capacité HPC et de son aspect open-source.

Une étape cruciale a été franchie, fin 2020, avec la mise en œuvre d’une première simulation thermique couplée et parallèle permettant de reproduire, sur un modèle réduit, le dégagement de chaleur induit par la pile lors de son fonctionnement.

Ce résultat pose les briques essentielles d’une modélisation plus complexe, à venir en 2021, qui mettra en œuvre toute la physique du cœur de la pile ainsi que les mécanismes gazeux et thermiques qui sont à l’œuvre dans son support structurel (plaque bipolaire).

PEMFC : Acronyme de Proton Exchange Membrane Fuel Cell (pile à combustible à membrane échangeuse de protons)
CEA-Liten : institut de la Direction de la recherche technologique dédié à la création de solutions en réponse aux enjeux climatiques, énergétiques et environnementaux.

Première vision sur le cœur d’un SMR grâce à APOLLO3
Simulation

Première vision sur le cœur d’un SMR grâce à APOLLO3®

Le CEA a réalisé, en 2020, une première caractérisation neutronique pour le cœur de NUWARD, le projet français de SMR, avec le code APOLLO3®. APOLLO3® est un code de calcul de nouvelle génération et une évolution majeure d’APOLLO2 et CRONOS2 développés depuis plus de 40 ans par le CEA pour modéliser les phénomènes physiques qui se produisent entre le combustible et le flux neutronique. Code multi-échelle et « multi-filières » car adapté à différents types de réacteurs (réacteurs à eau sous pression, réacteurs de recherche, réacteurs à neutrons rapides), APOLLO3® permet de simuler, encore plus finement que ses prédécesseurs, la réaction autoentretenue de fission : naissance des neutrons (fission), déplacements des neutrons et interactions avec tous les matériaux présents dans le réacteur, et disparition des neutrons (absorption). Son utilisation dans le cadre du projet NUWARD permettra de réaliser des modélisations innovantes et complexes particulièrement bien adaptées aux nouveaux concepts de réacteurs comme les SMR.

SMR : Acronyme de Small Modular Reactor (petit réacteur modulaire)

Le projet NUWARD

Conduit par EDF en partenariat avec le CEA et avec le soutien de Naval Group et de TechnicAtome, le projet NUWARD vise à développer à l’horizon 2030 un petit réacteur modulaire, de type réacteur à eau sous pression, permettant à la filière nucléaire française de proposer à l’export une offre de centrale entre 300 et 400 MWe, en remplacement de centrales thermiques à combustible fossile. Dans ce projet, le CEA a en charge les études de conception neutronique du cœur du réacteur et la validation des outils de calculs en neutronique et thermohydraulique. Il participe également aux études et essais en thermohydraulique.

VINON-LOCA teste ses premiers crayons
Combustible

VINON-LOCA teste ses premiers crayons

Un premier essai sur un crayon irradié a été réalisé dans le nouveau dispositif VINON-LOCA de l’installation STAR du CEA sur son site de Cadarache. Cet essai marque une étape importante, car il valide la poursuite d’un programme de recherche qui vise à étudier le comportement du combustible en situation accidentelle de type APRP, en particulier les mécanismes de fragmentation ou de relocalisation du combustible.
Il a consisté à faire subir à un segment de crayon de combustible UO2 irradié un transitoire thermique représentatif de la première phase d’un APRP (transitoire à 5 °C/s jusqu’à 1 000 °C). Après une qualification thermique sur un crayon postiche début 2019, ce premier essai sur un mini crayon re-fabriqué a permis de vérifier le bon fonctionnement du système de pressurisation, du système de chauffe ainsi que des instrumentations associées (suivi en ligne de la pression et de de la composition des gaz de fission, banc de métrologie et spectrométries gamma). Cette étape décisive qualifie l’installation VINON-LOCA dont la conception a débuté en 2016 dans le but de réaliser des essais de type APRP hautement instrumentés pour l’observation en ligne des phénomènes de fragmentation et relocalisation du combustible qui conditionnent fortement l’atteinte des critères de sûreté portant sur la température de gaine. Le résultat obtenu est en accord avec les prévisions du code de thermomécanique crayon Alcyone utilisé pour simuler numériquement l’expérience. La prochaine étape est la mise en service d’une instrumentation améliorée intégrant une gamma caméra qui permettra de suivre en ligne la relocalisation du combustible.

APRP : Acronyme d’accident de perte de réfrigérant primaire.

Des mini-crayons résistants aux accidents prêts pour irradiation
Combustible

Des mini-crayons résistants aux accidents prêts pour irradiation

— Pour fabriquer des gaines de combustible, il est possible d’utiliser des matériaux céramiques plutôt que métalliques, pour les rendre plus résistants aux scénarios accidentels, notamment des composites à base de carbure de silicium (SiCf/SiC). Un des objectifs ciblés en 2020 était de concevoir des mini-crayons combustibles de type ATF, dont la tenue en réacteur pourrait être testée expérimentalement. Et il a été atteint !
Si la fabrication de tubes composites SiCf/SiC de qualité nucléaire est bien maîtrisée par les équipes de la Direction des énergies (DES), l’introduction d’un concept de crayon viable en conditions de fonctionnement d’un REP impliquait de lever plusieurs verrous, dont les plus ardus sont la fermeture étanche du tube et la protection contre la récession hydrothermale du SiC. Ce défi technique a mobilisé de façon très transversale les compétences de la DES et de la Direction de la recherche technologique (DRT) du CEA pour la réalisation des objets composites (tubes et bouchons), le support à la conception, la réalisation des traitements de surface et la technologie de fermeture étanche par brasage.

ATF : Acronyme d’Accident-tolerant Fuel
REP : Acronyme de réacteur à eau sous pression. Les REP sont la filière de réacteurs nucléaires la plus répandue dans le monde.

La production d’hydrogène monte en puissance
Réacteurs de recherche

Nouveau jalon majeur franchi par le projet RJH

— Suite à la mise en place du plan de mise sous contrôle demandé par l’état mi-2019, le projet RJH a vu, en 2020, son organisation restructurée et intégrée en plateau technique sur le site du chantier du CEA à Cadarache (13). Durant l’année, la construction et l’installation de composants mécaniques du RJH se sont poursuivies, avec succès, dans le respect absolu des règles de sécurité et de celles imposées par la crise sanitaire. En novembre 2020, l’un des jalons majeurs du projet a été franchi avec la livraison et l’installation, en piscine, du caisson du cœur du réacteur ; une opération qui a mobilisé une vingtaine de personnes pendant une dizaine de jours. Cette pièce mécanique est un des composants majeurs du circuit primaire du RJH car il contiendra à terme son cœur avec 37 assemblages combustibles et en assurera le refroidissement permanent. Ce composant mécanique répond à des exigences de sûreté fortes car il s’agit d’un équipement nucléaire qui fonctionne sous pression et sa conception détaillée a nécessité six années d’ingénierie pilotées par TechnicAtome et de fabrication et tests en usine.
L’installation réussie de cet équipement permet au projet RJH de continuer son avancée avec l’intégration mécanique d’autres composants du circuit primaire, en conformité avec la nouvelle feuille de route 2021-2023 du projet.

RJH : Acronyme de réacteur Jules Horowitz. Succédant au réacteur de recherche Osiris désormais à l’arrêt sur le site du CEA à Saclay (91), le RJH a été conçu comme un outil expérimental capable d’observer et de faciliter la compréhension du comportement des matériaux en environnement nucléaire extrême. Il servira également à fournir à la médecine nucléaire les radioéléments à vie courte utilisés par les services d’imagerie médicale à des fins de diagnostic.