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Clefs CEA n°64 - Les voix de la recherche - Voyage au coeur du big data

Construire une confiance numérique durable

Le point de vue de Thierry Breton, Président-Directeur général d'Atos, ancien ministre.

Version détaillée de l'article paru dans le numéro de Clefs CEA n°64 - Voyage au coeur du big data. 

Publié le 13 juin 2017

De l'automobile à la médecine, les plateformes numériques et le « Cognitive IT » sont partout.

C'est grâce à l'exploitation et à la modélisation des données que des plateformes emblématiques comme Uber ou Airbnb ont vu le jour. C'est aussi grâce à cette valorisation des données que les métiers et secteurs « traditionnels » sont progressivement en train de se réinventer au travers d'un processus transversal de transformation numérique. L'automobile grâce à la voiture autonome ; la médecine via la mise au point de molécules ultra-personnalisées pour soigner les individus ; et demain la météorologie sera capable, par exemple, de prédire les nappes de brouillard dans le rayon d'un aéroport. Désormais en mesure d'assimiler d'énormes quantités de données, les moteurs d'intelligence artificielle commencent déjà à réaliser des prouesses.

Mais la révolution du Big Data est encore loin d'avoir porté tous ses fruits. Par manque de maturité d'abord, rares étant les structures à avoir intégré dans leurs rangs des Data Analysts ou des Chief Digital Officers pour « processer » et valoriser les données. Par manque de puissance de calcul ensuite, pour traiter en temps réel le véritable déluge de données généré chaque jour par nos activités…

La seconde grande vague qui nous attend va concerner l'intelligence ou plus précisément la capacité des objets à entrer en action. La facette visible de cette seconde vague est le robot, son aptitude à se mouvoir dans notre monde, puis à interagir avec l'humain y compris par la parole. Nous sommes à quelques années, mois peut-être ?, d'avoir des cerveaux de silicium capable de passer le fameux test de Turing.

L'augmentation exponentielle des données est, en particulier, portée par les objets intelligents, qui seront plus de 50 milliards dans le monde en 2020. À cette échéance, ce sont 40 000 milliards de milliards de données qui seront générées… Davantage que d'étoiles dans l'Univers !


Premier défi : savoir mettre en relation et valoriser les données dans les années à venir

Ces données, il nous faudra les collecter puis savoir les compter, les identifier et les isoler, mais aussi les mettre en relation les unes les autres à tout moment, et donner des ordres aux différents objets. C'est le premier défi à relever. Pour y parvenir, il faut des machines d'une puissance exceptionnelle, les supercalculateurs, et des logiciels de nouvelle génération, qui fonctionnent différemment de l'informatique que nous mettons en œuvre depuis 30 ans et dont le « batch » est la base. Finie l'époque où les informaticiens avaient le temps de sauvegarder les données, de les restaurer ou de relancer un traitement en cas de panne. Désormais les systèmes sont temps réel ou presque et apprennent de façon autonome.


Second défi : la sécurité des données

Le second défi sera de sécuriser ces données, qu'il s'agisse de données personnelles ou industrielles, de celles des Etats, des collectivités locales ou des institutions publiques. Des cadres juridiques sont progressivement renforcés dans ce but.


Le 21e siècle sera le siècle de la confiance numérique

Face à ce double défi, une seule réponse possible : construire, ensemble, une confiance numérique durable. Confiance, d'abord dans notre capacité technologique à traiter et exploiter des millions puis des milliards de milliards de données par seconde, ce que fait déjà le supercalculateur Bull Sequana. Confiance, ensuite, que les citoyens peuvent accorder à la gestion des données personnelles, y compris celles générées par l'Internet des objets, la cybersécurité étant au cœur de nos engagements et de notre excellence opérationnelle.

Plus largement, nous anticipons, avec le CEA, l'ère à venir : celle de l'ordinateur quantique, sur laquelle nos équipes travaillent déjà en étroite relation avec les siennes, ainsi que la cryptographie « quantum-safe ». D'ici à 2030, de nouvelles inventions écloront dans tous les secteurs, créant des emplois et une croissance durable, loin de la stagnation séculaire redoutée par certains. Le XXIe siècle sera ainsi pleinement le siècle de la valorisation des données en temps réel et de la construction de la confiance numérique qui sont l'avers et le revers d'une même médaille.


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