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La génétique fournit de nouvelles données sur les parasites


​Comment lutter efficacement contre les parasites ? La première étape pour y parvenir consiste à bien connaître son ennemi. Le centre national de séquençage du CEA-IG (Genoscope) a participé au séquençage du génome de deux d’entre eux, notamment celui qui ravage les palmiers d’Amérique du Sud.

Publié le 6 février 2014
​Les trypanosomes sont des parasites qui infectent les animaux et les plantes via des insectes. Chez l’homme et l’animal, les trypanosomes et les leishmanies provoquent de graves maladies dont la maladie du sommeil, la maladie de Chagas et le Kala azar. Mais les plantes tombent aussi malades. Les trypanosomatides[1] trouvés chez les plantes peuvent être responsables de dommages économiques importants et sont la cause de traitements insecticides fréquents, chers et polluants dans le bassin amazonien.

Symptômes débutants de hartrot sur cocotier

 

Cliché de microscopie électronique à transmission, d’une culture in vitro de trypanosomes associés au hartrot du cocotier
​Le monde des trypanosomes de plantes est vaste. Par manque de données, les scientifiques n’ont pas encore pu établir de classification. Les trypanosomes peuvent-ils singulièrement différer les uns des autres et ainsi exiger des prophylaxies distinctes ? Une équipe du Genoscope, en collaboration avec le CIRAD[2] et des laboratoires européens et américains, a séquencé et comparé les génomes de deux d’entre eux a priori bien différents. Le premier est présent dans des palmiers malades localisés en Amérique du Sud. Le second a été prélevé dans des euphorbes sains du sud de la France. Ainsi, le premier s‘avère délétère et le second inoffensif.

Le séquençage de leurs génomes montre que la majorité de leurs gènes sont identiques (82%). En revanche, les chercheurs ont découvert avec surprise une spécificité par rapport aux génomes connus de trypanosomes qui infectent les animaux : leur nombre de gènes est considérablement réduit. « Ces deux trypanosomes sont constitués d’un set minimal de gènes, raconte Bétina Porcel. Au cours de l’évolution, ils ont réduit leur système métabolique de façon à ne conserver que les processus biologiques les plus importants. » Si les trypanosomes d’animaux dupliquent leurs gènes en une multitude de copies, les trypanosomes étudiés ici n’en conservent qu’une seule dans la plupart de cas. La généticienne propose une hypothèse : « La colonisation des plantes par les trypanosomes semble être plus facile que celle des animaux. La température y est stable, les nutriments présents en continu. Les parasites sont donc moins menacés et n’ont peut-être pas besoin d’un génome aussi robuste. »

 

Frottis coloré au Giemsa de trypanosomatides du latex d’Euphorbe d’Equateur
 

Autre résultat marquant de cette étude : la mise en lumière d’un gène qui peut s’avérer spécifique de la pathogénicité. La protéine codée par ce gène, L’aspartic protease, a en effet été isolée chez le trypanosome du palmier et pas dans le trypanosome de l’euphorbe. Cette observation vient confirmer celles qui avaient déjà été faites chez les trypanosomes des animaux. Une piste pour éviter l’infection des palmiers ?

  1. Ensemble des maladies provoquées par les trypanosomes
  2. Équipe de Michel Dollet

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