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Soutenance de thèse

Impact de particules pigmentaires minérales sur les fonctions de cellules immunitaires, les macrophages

Vendredi 05 décembre à 14:00, Salle Titane 2, Maison Minatec, 3 Parvis Louis Néel, 38000 Grenoble

Publié le 5 décembre 2025
Marianne Vitipon
Laboratoire de Chimie et Biologie des Métaux​, ​Institut de Recherche Interdisciplinaire de Grenoble​
Les tatouages connaissent un essor considérable, avec 10 à 20 % de la population en Europe et aux États-Unis portant au moins un tatouage. Ils consistent en une injection intradermique de pigments insolubles, de taille micro- et nanométrique, qui persistent dans l’organisme tout au long de la vie. Bien que le tatouage soit une pratique ancienne, la question de son impact sur la santé n’a été soulevée que récemment. L’entrée en vigueur de la réglementation européenne REACH a conduit à une surveillance accrue des encres et pigments, mais nos connaissances sur leurs effets cellulaires et moléculaires à long terme restent limitées.
Dans ce travail de thèse, nous nous sommes intéressés à deux pigments minéraux utilisés depuis l’Antiquité : les oxydes de fer et les oxydes de manganèse. Les oxydes de fer sont encore employés aujourd’hui dans le tatouage, par exemple en maquillage permanent et en dermopigmentation après mastectomie. Ils sont largement utilisés pour leurs nuances proches des couleurs de peau. Peu de complications ou d’effets retardés liés à ces pigments sont rapportés dans la littérature, mais cela ne garantit en rien leur innocuité. Les oxydes de manganèse, bien que non utilisés en tatouage, restent largement exploités dans d’autres secteurs tels que les peintures, les céramiques ou les batteries. L’exposition à ces particules diffère de celle aux oxydes de fer, mais demeure tout aussi préoccupante. En effet, le dioxyde de manganèse est un neurotoxique reconnu. Si plusieurs études ont porté sur ses effets aigus, ses effets retardés à plus faibles doses restent encore mal documentés.
Pour étudier les potentiels effets de ces pigments, nous avons mis au point des schémas d’exposition permettant d’analyser les réponses cellulaires retardées et/ou à long terme. Les macrophages ont été choisis comme modèle principal. Ces cellules immunitaires résidentes, présentes dans l’ensemble des organes, appartiennent à une lignée ancienne sur le plan évolutif. L’une de leur fonction principale est la phagocytose, non seulement de pathogènes mais également de particules inertes. Elles interviennent ainsi dans la capture des pigments injectés lors du tatouage comme dans celle des particules inhalées dans les poumons. En tant que sentinelles de l’organisme, les macrophages jouent un rôle clé dans la régulation de l’inflammation et le maintien de l’homéostasie tissulaire. Toute altération de leurs fonctions pourrait avoir des conséquences majeures, allant d’une immunité compromise à des pathologies granulomateuses.
Nos résultats mettent en évidence que les réponses cellulaires des macrophages varient selon la nature du pigment et ses propriétés physicochimiques. Certains oxydes de fer induisent un état inflammatoire prolongé, avec une sécrétion persistante de cytokines pro-inflammatoires, tandis que d’autres pigments semblent être mieux tolérés. Ces différences suggèrent un rôle important de la solubilité et de la composition chimique dans l’orientation des réponses cellulaires, entre inflammation persistante et mécanismes de stockage du métal.
Ce travail met en évidence les effets biologiques spécifiques de ces pigments. Il révèle que ceux-ci ne peuvent être généralisés et qu’ils dépendent fortement de leur composition et de leur procédé de fabrication. Il souligne la nécessité de mieux caractériser leur innocuité et d’évaluer leurs impacts potentiels non seulement au site d’injection, mais également au-delà, via leur migration vers les organes lymphatiques et leurs interactions avec l’immunité adaptative. Plus largement, ces résultats contribuent à une meilleure compréhension des interactions entre particules minérales et cellules immunitaires, et rappellent l’importance de prendre en compte la diversité des pigments dans l’évaluation des risques liés aux tatouages et à d’autres expositions environnementales.​​


Suivre la soutenance en visioconférence : https://univ-grenoble-alpes-fr.zoom.us/j/99151855130?pwd=WzVsczVBJ3T9JLYZnYxFG5eBEr8MmZ.1​