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Publié le 28 février 2023

ETE 2022 - Janvier 2023 : Focus sur l'hydrogène ces 6 derniers mois



I-Tésé effectue une veille sur la thématique de la transition énergétique. Tous les mois, nous vous proposons une revue de presse dans laquelle nous vous présentons tous les faits marquants ou signaux faibles, rapports, articles qui nous paraissent intéressants. Nous vous avons réuni ici toutes les informations que nous avons retenues ces 6 derniers mois sur le sujet de l'hydrogène.


​ETE 2022  

Global Hydrogen Trade to Meet the 1.5°C Climate Goal: Trade Outlook for 2050 and Way Forward

Ce rapport de l'IRENA paru en juillet 2022 explore les actions clés et les jalons liés à la création de marchés, aux infrastructures et à la réglementation, à la certification, à la technologie, aux écarts de coûts et au financement du marché de l'hydrogène. Il révèle que la part des échanges reste relativement constante dans plusieurs scénarios ; mais que les perspectives pour des pays spécifiques peuvent changer radicalement selon les hypothèses. Le paramètre le plus influent et le plus incertain est le coût du capital et le différentiel entre pays.

La question de l'impact de l'hydrogène sur le réchauffement climatique a fait l'objet de plusieurs publications ces derniers mois. Il existe une incertitude importante sur le potentiel global de réchauffement de l'hydrogène à 20 et 100 ans et sur le niveau exact de pertes sur une chaîne logistique hydrogène. Une analyse rigoureuse de ces 2 aspects sera indispensable pour affiner l'évaluation de l'impact de l'industrie de l'hydrogène sur le réchauffement climatique. Deux publications intéressantes à ce sujet sont parues cet été :


SEPTEMBRE 2022

L'initiative European Hydrogen Backbone (EHB) vient de procéder à la mise à jour du réseau hydrogène européen (consultable en ligne sur le site). Cette réactualisation des cartes de l'infrastructure de l'hydrogène en Europe inclut également les nouvelles estimations de faisabilité et les interconnexions d'hydrogène prévues dans les différents états du territoire. Cet article de H2 Mobile du 25/09 synthétise les mises à jour les plus importantes.


Appréhender et résoudre les dilemmes liés au déploiement de l'hydrogène dans l'UE

Cette note de l'IFRI se concentre sur ce qui peut être raisonnablement fait pour atteindre les objectifs de l'Europ pour le développement de la filière hydrogène à horizon 2030, en mettant l'accent sur le besoin d'un cadre réglementaire claire et stable, la mise en place d'une infrastructure H2 basée sur les avancées observées sur le terrain, le développement d'un véritable écosystème industriel et la définition d'une compréhension européenne commune de la dimension internationale du marché de l'hydrogène.


Parution en septembre de deux rapports sur l'hydrogène pour la mobilité lourde :

Fuel-Cell Hydrogen Long-Haul Trucks In Europe: A Total Cost Of Ownership Analysis

Cette étude par l'International Council on Clean Transportation (ICCT) évalue le coût total de possession des camions longue-distance alimentés par des piles à combustible. Elle se focalise sur sept pays européens. Il y a un besoin de subventions d'hydrogène pour rendre ces véhicules économiquement viables dans cette décennie. ICCT estime qu'en 2030 le coût du carburant, l'hydrogène vert, sera le moteur de la compétitivité des poids lourds longue distance à pile à combustible. Bien que le prix d'achat du camion reste le poste principal dans le coût total de possession, ICCT prend l'hypothèse d'une forte réduction de l'écart de prix avec le camion diesel (principalement à cause des économies d'échelle sur le coût des piles à combustible). Désormais dans la même gamme de prix d'achat, la compétitivité revient à réduire le poste de coût avec la plus grande marge de manœuvre, soit le prix du carburant, comparé aux coûts de maintenance, aux péages et aux taxes.

TRANPLHYN : transports lourds fonctionnant à l'hydrogène

Cette étude comparative de l'IFPEN et de l'ADEME offre un regard complémentaire sur le coût total de possession (TCO) d'un véhicule lourd à hydrogène en comparant deux modes de propulsion : génération d'électricité dans une pile à combustible (PàC) ou combustion dans un moteur thermique. Les deux études ICCT (voir ci-dessus) et TranplHyn s'accordent globalement sur les estimations de TCO et les différents postes de coûts, mais surtout sur les principales voies de réduction de l'écart de TCO avec la configuration diesel : la baisse du prix de l'hydrogène et de la PàC. L'évaluation plus technique de TranplHyn fait ressortir un léger avantage de TCO en 2022 pour la motorisation thermique à hydrogène par rapport à la PàC, le coût élevé d'investissement dans la PàC n'étant pas compensé par la baisse de la consommation de combustible. Le champ d'étude de TranplHyn est encore plus vaste, étudiant quatre types de véhicules : le poids lourd 44 tonnes, le bus articulé de 18 mètres, l'autocar régional et la pelle sur chenilles de 75 tonnes. L'étude compare les deux modes de propulsion sur les plans économique, énergétique et environnemental, les PàC ayant des résultats plus favorables sur les deux derniers critères.



​OCTOBRE 2022  

Hydrogène bas carbone : quels usages pertinents à moyen terme dans un monde décarboné ?

Cette étude réalisée par le cabinet de conseil Carbone 4 propose une réflexion intéressante sur le développement de l'hydrogène bas carbone à horizon 2030, les volumes qui pourraient être mis en jeu et les usages qui doivent être priorisés (usages « sans regrets ») notamment s'il y a une contrainte sur l'électricité bas carbone disponible ou si le rythme de déploiement de la filière est limité. Les analyses et les chiffres avancés seraient à discuter et à affiner dans un contexte français et européen.


NOVEMBRE 2022

Accelerating hydrogen deployment in the G7: Recommendations for the Hydrogen Action Pact

Lancé par le G7 en mai 2022, le Pacte d'action pour l'hydrogène (PAH) vise à renforcer l'action conjointe sur le power-to-X (stockage de l'électricité par conversion en hydrogène), l'hydrogène et ses dérivés (notamment l'ammoniac), et à rationaliser la mise en œuvre des initiatives multilatérales existantes. Ce rapport résume brièvement l'état et les perspectives de l'hydrogène dans chaque pays membre du G7, y compris les analyses de la technologie, des coûts, de la stratégie et du soutien politique déclaré pour chaque pays, et présente des recommandations pour accélérer le commerce mondial de l'hydrogène. Le rapport présente les résultats d'une analyse menée pour établir les tendances et les priorités communes, et identifier les différences et les déséquilibres au sein des pays membres du G7. Il identifie également les principaux domaines où la collaboration entre les membres du G7 peut faire la différence la plus significative pour faire progresser le déploiement de l'hydrogène, et fournit des recommandations spécifiques aux membres du G7 dans chaque domaine. Elle conclut que les pays du G7 devraient promouvoir l'utilisation de l'hydrogène dans les secteurs difficiles à décarboner, tout en travaillant ensemble sur la certification, la technologie, l'élaboration des politiques et la communication.



DECEMBRE 2022  

Trajectoire pour une grande ambition hydrogène à 2030 : industriels et territoires concrétisent les ambitions

Cette publication de France Hydrogène propose une mise à jour des projections de production d'hydrogène bas carbone à horizon 2030 en France établies sur la base d'un recensement des projets en cours de développement. Le volume global affiché est très significatif (plus d'1 million de tonnes) et supérieur aux projections établies en 2021. On note que certains de ces projets restent prospectifs, portés par des acteurs souhaitant se positionner sur des opportunités « business » pressenties (sur la base d'objectifs sectoriels européens notamment) sans avoir nécessairement pour le moment de clients précis identifiés. On relève notamment un volume très significatif (425 000 tonnes d'hydrogène) qui serait destiné à la production d'e-méthanol et d'e-fuel potentiellement pour les secteurs maritimes et aériens. Le volume correspondant à une conversion des utilisateurs actuels de l'hydrogène vers de l'hydrogène bas carbone est lui plus limité (un volume de 70 000 tonnes comparé à une projection de 250 000 tonnes en 2021). On peut éventuellement mettre en parallèle ces chiffres avec le retour du rapport du comité d'évaluation du plan France Relance qui soulève la problématique du temps de développement de nouvelles capacités d'électricité bas carbone et de capacités de stockage massif d'hydrogène, qui pourraient reporter le développement massif d'une filière hydrogène à un horizon 2040.

Liebreich: The Unbearable Lightness of Hydrogen

Il s'agit d'un article d'opinion rédigé par le fondateur de BNEF, qui exprime ses doutes sur la possibilité du développement d'imports massifs d'hydrogène arrivant par bateau en Europe, principalement liés aux caractéristiques physiques de l'hydrogène. Selon l'auteur, la seule façon de transporter l'hydrogène de manière économique est de le faire sous forme de gaz, par pipeline. Si l'on additionne les différents flux commerciaux futurs de l'hydrogène couverts ici, il est clair que les chiffres du Hydrogen Council/McKinsey de 660 millions de tonnes de production d'hydrogène propre et de 400 millions de tonnes de transport à longue distance sont surestimés d'un facteur d'au moins trois. En outre, étant donné que la Chine et l'Inde ne se sont engagées à atteindre le niveau net zéro qu'en 2060 et 2070 respectivement, les flux qui se concrétiseront prendront des décennies après 2050. L'auteur ne remet cependant pas en question le fait que l'hydrogène propre sera nécessaire pour décarboniser certains secteurs, ce qui créera à terme une demande de plus de 100 millions de tonnes par an.

JANVIER 2023

Le CEA, acteur majeur de l'hydrogène

L'Office européen des brevets (OEB) a publié une étude sur les tendances mondiales de l'innovation dans les technologies de l'hydrogène, réalisée conjointement avec l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Cette étude révèle notamment la contribution significative de la France, 2è pays en Europe qui innove le plus sur l'hydrogène ainsi que la première place du CEA au classement mondial des instituts de recherche pour le nombre de brevets déposés sur l'hydrogène.