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Allergies alimentaires : la voie de sensibilisation influence la réponse immunitaire


​Des chercheurs du Laboratoire d’immuno-allergie alimentaire (LIAA, SPI/DMTS) montrent que la voie initiale de sensibilisation à un allergène alimentaire (orale, respiratoire, cutanée) influence directement la nature des réponses immunitaires à plusieurs sites de l’organisme.

Publié le 25 avril 2022

PAs une, mais Des voies de sensibilisation

​Les allergies alimentaires correspondent à des réponses immunitaires inappropriées de l’organisme au contact de certaines protéines alimentaires. Elles sont en constante augmentation depuis au moins 20 ans et les raisons de cette augmentation sont probablement multiples. L’une d’elles est liée au fait que notre environnement est riche en allergènes alimentaires qui peuvent pénétrer notre organisme non seulement par voie orale lors de l’ingestion des aliments mais aussi par voie respiratoire (par exemple lors de la cuisson des aliments) ou encore par voie cutanée, lorsque la barrière cutanée est endommagée ou enflammée. C’est notamment le cas chez les personnes atteintes de dermatite atopique (DA). Les interconnexions immunitaires entre les différentes muqueuses de l’organisme peuvent alors expliquer que les symptômes allergiques surviennent à des sites distants. Ces interconnexions pourraient également participer à la "marche atopique", c'est-à-dire la progression des troubles atopiques, de la dermatite atopique dans la petite enfance vers l'allergie alimentaire, la rhinite allergique, puis l'asthme lorsque l'enfant grandit. En effet, les enfants souffrant de DA ont un risque accru de souffrir d'autres maladies atopiques et environ 35 % d'entre eux développeront une allergie alimentaire plus tard dans leur vie.

Il existe des différences structurelles et fonctionnelles entre les tissus lymphoïdes associés au nasopharynx, à la peau ou à l'intestin mais on ne sait toujours pas comment l'entrée par une voie ou une autre influence les réactions allergiques ultérieures, localement ou à des sites muqueux plus éloignés. La complexité des mécanismes qui sous-tendent les réponses inflammatoires allergiques limite encore notre compréhension des effets indésirables qui se produisent chez les personnes souffrant d'allergies.

Exposition expérimentale

Le Laboratoire d’immuno-allergie alimentaire (LIAA, SPI/DMTS, INRAE) a cherché à analyser plus en détail l'impact de la voie d'exposition sur les acteurs cellulaires recrutés aux différents sites muqueux et immunitaires. Des souris ont été exposées à des allergènes alimentaires majeurs, des protéines d’arachide (extraites de cacahuètes grillées), par voie intra-gastrique, respiratoire ou cutanée. En collaboration avec des chercheurs de l’INRAE Nantes et l’Institut Micalis, le laboratoire a évalué la sensibilisation et le déclenchement de la réaction allergique ainsi que la fréquence des cellules T, des cellules lymphoïdes innées (ILC), des cellules inflammatoires et dendritiques dans les lavages broncho-alvéolaires, les poumons, la peau, l'intestin et divers ganglions lymphatiques. Toutes les voies d'exposition, à l'exception de la voie cutanée, ont induit une sensibilisation, mais l'allergie intestinale n'a été induite que chez les souris exposées par voie intra-gastrique. L'analyse de tous les constituants cellulaires n'a pas permis de distinguer les souris exposées par voie intra-gastrique des souris témoins. En revanche, les souris sensibilisées par voie respiratoire ont constitué un groupe distinct, caractérisé par une forte inflammation locale et le recrutement de différentes cellules immunitaires. Ces souris ont également montré des changements de la fréquence des ILC dans les intestins, à distance du site d’exposition. Malgré l'absence de sensibilisation, les souris exposées par voie cutanée ont présenté des changements comparables à celles recevant l’arachide par voie respiratoire, bien que moins intenses.

L’étude, publiée dans le journal Nutrients, souligne que la voie initiale de sensibilisation à un allergène alimentaire influence la nature des réponses immunitaires à divers sites muqueux. Les interconnexions des systèmes immunitaires muqueux peuvent participer à la complexité des manifestations cliniques ainsi qu'à la marche atopique.

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