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Le voile se lève sur le réchauffement de l’Antarctique, plus fort que ne le prédisent les modèles


​En combinant les informations fournies par 78 carottes de glace prélevées en Antarctique, des chercheurs du LSCE (CEA-CNRS-UVSQ) en collaboration avec l'Institut Alfred Wegener (Allemagne) montrent que l'Antarctique se réchauffe à un rythme singulièrement plus élevé que le reste du monde, ce que sous-estiment les modèles de climat. Avec de potentielles conséquences désastreuses sur toute la planète !
Publié le 7 septembre 2023

Sous l'effet du changement climatique causé par l'homme, les pôles se réchauffent davantage que le reste du globe. Ainsi, en Arctique, le différentiel atteint un facteur trois selon le Giec.

Le réchauffement en Antarctique est plus difficile à quantifier. D'une part, on ne dispose de données météorologiques que depuis cinquante ans. D'autre part, les observations météo apparaissent contradictoires. Ainsi, alors que quelques stations météo en Antarctique de l'Est, comme celles de Pôle Sud ou de Vostok, indiquent ponctuellement un fort réchauffement, les reconstructions climatiques combinant données météo et interpolations avec des modèles de climat, fortement influencés par d'autres stations côtières, ne montrent pas de réchauffement significatif.

Pour en savoir plus, des chercheurs du LSCE et leurs partenaires ont étudié des carottes de glace ayant enregistré l'évolution des températures en Antarctique sur les deux derniers millénaires, avec une résolution annuelle.

L'interprétation de telles carottes étant rendue délicate par des processus de surface pouvant altérer le signal, il leur a fallu valider la relation entre les teneurs en isotopes de l'hydrogène ou de l'oxygène et les températures. En combinant des statistiques traditionnelles avec la théorie des systèmes dynamiques, ils démontrent que l'amplitude du réchauffement actuel en Antarctique dépasse sa variabilité naturelle au cours du dernier millénaire et qu'elle atteint le double de celle du reste du globe, dépassant de 20 à 50 % les prédictions des modèles climatiques (y compris en Antarctique de l'Est).

Selon cette étude, les modèles climatiques sous-estiment non seulement l'amplitude du réchauffement climatique en Antarctique, mais aussi sa variabilité naturelle.

Améliorer la précision des modèles à l'échelle locale ou régionale, sans affecter leurs performances à l'échelle globale, est un exercice délicat. Comme les prédictions par les modèles climatiques de l'élévation du niveau des mers sont très sensibles à de petits changements de température, les résultats de cette étude pourraient conduire à réévaluer la contribution de l'Antarctique, avec des conséquences potentiellement désastreuses.

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