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TEP

Imager avec précision les cellules souches de glioblastome grâce à un anticorps


​​​​Des chercheurs de Joliot ont étudié, par tomographie à émission de positons, la pharmacocinétique d'un anticorps ciblant un récepteur surexprimé dans le glioblastome. Cet anticorps détecté en TEP permet de localiser les foyers tumoraux. Il pourrait également guider le geste chirurgical, sous fluorescence, lors de l'exérèse de ces tumeurs cérébrales, particulièrement complexes et agressives.
Publié le 6 décembre 2023

L'immunoTEP consiste à cartographier la distribution d'un biomarqueur particulier en utilisant la tomographie par émission de positons et un anticorps radiomarqué. Du fait de la haute sensibilité de l'imagerie TEP, elle s'est imposée dans de nombreux protocoles cliniques, en particulier en oncologie.

Elle pourrait en particulier être utilisée pour le traitement des glioblastomes, les tumeurs primaires du cerveau les plus fréquente chez l'adulte. La survie moyenne des patients est de 2 à 3 ans et son incidence, en France, a été multipliée par plus de quatre entre 1990 (471 nouveaux cas) et 2018 (2003 nouveaux cas). Les symptômes cliniques ne se manifestent que tardivement car le cerveau, très plastique, s'adapte en présence d'une masse tumorale importante et d'une forte infiltration de cellules tumorales dans ses tissus. 

Prévenir la résurgence tumorale

Les glioblastomes contiennent des cellules souches quiescentes, hautement tumorigènes et peu sensibles aux traitements antimitotiques (limitant la prolifération des cellules cancéreuses). Ce sont ces cellules qui sont responsables de la résurgence tumorale, après la prise en charge du patient, qui repose classiquement sur l'ablation chirurgicale de la tumeur, la radiothérapie et la chimiothérapie. Comment prévenir cette résurgence ?

Les chercheurs se sont intéressés à « l'axe de l'endothéline », des neuropeptides connus pour jouer un rôle majeur dans un large spectre de tumeurs malignes, en déclenchant un réseau de signalisation hautement interconnecté. En particulier, les deux sous-types de récepteurs des endothélines (ETA et ETB) ont été ciblés, via des petites molécules antagonistes, dans plus de 30 essais cliniques sur différents cancers, dont deux sur des glioblastomes. Conclusion : la surexpression de ETA dans les cellules souches de glioblastome constitue un biomarqueur d'intérêt pour cibler cette sous-population cellulaire par immunoTEP.

Rendomab A63 et immunotep, un duo prometteur

Dans ce contexte, deux équipes de Joliot, en collaboration avec des chercheurs des Universités de Dijon et de Montpellier, ont testé, dans un modèle préclinique, un anticorps monoclonal spécifique du récepteur de l'ETA, breveté par le CEA (Rendomab A63 ou RA63).

  • L'anticorps est préparé sous deux formes, l'une complète et l'autre, fragmentaire (Fab ou Fragment Antigen Binding).
  • Toutes deux sont marquées au zirconium 89 (89Zr) afin d'évaluer, par imagerie TEP, leur capacité à détecter les tumeurs in vivo.

Les analyses de la biodistribution tissulaire et des paramètres pharmacocinétiques montrent que les deux formes de l'anticorps sont détectées dans le cerveau et ciblent spécifiquement les tumeurs.

De manière contre-intuitive, la forme complète de l'anticorps s'accumule davantage dans les tumeurs que le fragment malgré la présence de la barrière hémato-encéphalique. L'élimination rapide de la circulation sanguine de l'anticorps Fab, l'altération de la barrière hémato-encéphalique et la présence de vaisseaux néoangiogéniques dans les phases tardives du glioblastome sont susceptibles d'expliquer ce résultat.

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