Osiris
n’est pas seulement un dieu égyptien antique : c’est aussi un réacteur de
recherche démarré en 1966 sur le site du CEA à Saclay, au service de la R&D
nucléaire pendant près de 50 ans !
Depuis ZOE, la toute première pile atomique française mise en service en 1948,
le CEA joue un rôle central dans l’innovation nucléaire. Pour tester la
résistance des matériaux aux très fortes irradiations
ou développer des combustibles plus sûrs, il faut des infrastructures
d’exception. Osiris en faisait partie.
Vue d'ensemble de la piscine, du canal et des aires. Photo prise en juin 1966. © P.Jahan/CEA
Ses
principales missions :
- irradier matériaux et combustibles pour la recherche ou l’industrie
nucléaire. Cela a notamment permis de tester des combustibles des réacteurs à
eau sous pression.
- produire des radioéléments à usage médical (scintigraphie, radiothérapie…) et
industriel.
- mais aussi, doper des lingots de silicium pour la microélectronique.
Coeur de la pile d'Osiris. Photo prise en juin 1966 © P.Jahan/CEA
Avec sa puissance thermique de 70 MW, Osiris
possédait un cœur ouvert plongé dans une piscine de 11 m de profondeur. Ce
design permettait des irradiations sous haut flux de neutrons, avec l’eau
jouant un triple rôle : modérateur, caloporteur et protection biologique.
Et
dans cette piscine, on pouvait admirer le spectaculaire effet Tcherenkov, cette
lueur bleutée si caractéristique.
Réacteur Osiris en fonctionnement, à sa puissance nominale de 70 MW.
© PF.Grosjean / CEA
Arrêté en 2015, Osiris est aujourd’hui en cours de démantèlement, tandis que
son successeur, le réacteur Jules Horowitz, est en construction à Cadarache.
Le
saviez-vous ?
Dans la mythologie égyptienne, Osiris ressuscite grâce aux pouvoirs de sa sœur
Isis. Ce clin d’œil symbolique a inspiré le nom du réacteur – dont la maquette
critique s’appelait justement... Isis !
Reliée physiquement à Osiris par un canal entre leurs piscines, Isis permettait
de tester diverses configurations de cœur en situation « juste critique »
(réaction en chaîne sans production d’énergie).
Le
nom "Osiris" aurait été soufflé par Jean Debiesse, directeur du
centre de Saclay, inspiré par un voyage diplomatique en Égypte. Le réacteur
avait pour parrain Francis Perrin, alors haut-commissaire du CEA, et pour
marraine Christiane Desroches-Noblecourt, grande archéologue et égyptologue
française.