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L'hydrogène

Modes de production du dihydrogène


Le dihydrogène peut être produit à partir de différentes sources d'énergie : énergies fossiles, nucléaire et renouvelables.

Publié le 1 décembre 2013

Le dihydrogène n’est pas directement disponible dans la nature. Il a cependant l’avantage de pouvoir être produit à partir des trois grandes sources que sont les énergies fossiles, nucléaire et renouvelables.


Mais pour être économiquement et écologiquement viable, la production de dihydrogène doit répondre à trois critères :

  • la compétitivité : les coûts de production ne doivent pas être trop élevés
  • le rendement énergétique : la production ne doit pas nécessiter trop d’énergie
  • la propreté : le processus de fabrication doit être non polluant, sous peine d’annuler l’un des principaux atouts du dihydrogène


Plusieurs méthodes sont aujourd’hui parfaitement opérationnelles, mais aucune ne répond simultanément à ces trois critères. De nouvelles voies prometteuses sont en cours d’élaboration.


La production actuelle de dihydrogène

Actuellement, si le dihydrogène n’est quasiment pas utilisé dans le domaine de l’énergie, il est une des matières de base de l’industrie chimique et étrochimique. Il est utilisé notamment pour la production d’ammoniac et de méthanol, et le raffinage du pétrole. Il est également employé dans les secteurs de la métallurgie, de l’électronique, de la pharmacologie ainsi que dans le traitement de produits alimentaires. Pour couvrir ces besoins, 50 millions de tonnes de dihydrogène sont déjà produits chaque année. Mais si ces 50 millions de tonnes devaient servir à la production d’énergie, elles ne représenteraient qu’1,5 % de la demande mondiale. Utiliser le dihydrogène comme vecteur énergétique* suppose donc d’augmenter radicalement sa production.

Une part de la production mondiale de dihydrogène est utilisée pour le raffinage du pétrole
Une part de la production mondiale de dihydrogène est utilisée pour le raffinage du pétrole. © EyeWire

 
Usine de vaporeformage
Usine de vaporeformage. © Air Liquide

Pour mieux comprendre
 

 
Certains microorganismes (microalgues et cyanobactéries) ont la capacité de produire naturellement des molécules à forte teneur
Certains microorganismes (microalgues et cyanobactéries) ont la capacité de produire naturellement des molécules à forte teneur énergétique. © G.Le Sénéchal/CEA

 
* Un vecteur énergétique, à la différence d’une source d’énergie, transporte de l’énergie.

** Énergies renouvelables ou énergie nucléaire.


Production de dihydrogène à partir des énergies fossiles

Aujourd’hui, 95 % du dihydrogène est produit à partir des combustibles fossiles par reformage : cette réaction chimique casse les molécules d’hydrocarbure sous l’action de la chaleur pour en libérer le dihydrogène. Le vaporeformage du gaz naturel est le procédé le plus courant : le gaz naturel est exposé à de la vapeur d’eau très chaude, et libère ainsi le dihydrogène qu’il contient. Mais la production de dihydrogène par reformage a l’inconvénient de rejeter du dioxyde de carbone (CO2), principal gaz responsable de l’effet de serre dans l’atmosphère.

Pour éviter cela, sa production à partir de combustibles fossiles supposerait donc d’emprisonner le dioxyde de carbone par des techniques qui doivent faire l’objet de développements (on envisage, par exemple, de réinjecter le dioxyde de carbone dans les puits de pétrole épuisés).
L’hydrogène produit aujourd’hui par vaporeformage du méthane coûte environ 1,5 €/kg d’H2 (prix de production en usine, sans compter la distribution). Le dihydrogène produit à partir du gaz naturel est le procédé le moins cher. Mais son prix de revient reste le triple de celui du gaz naturel.


Production de dihydrogène par décomposition de l'eau

Une voie possible consiste à dissocier les atomes de dioxygène et de dihydrogène combinés dans les molécules d’eau (selon la réaction
H2O -> H2 + 1/2 O2). Cette solution est la plus intéressante en termes d’émission de gaz à effet de serre… à condition toutefois d’opérer cette dissociation à partir de sources d’énergie elles mêmes non émettrices de CO2**.
Parmi les procédés envisageables, deux sont actuellement à l’étude : l’électrolyse et la dissociation de la molécule d’eau par cycles thermochimiques.

L’électrolyse permet de décomposer chimiquement l’eau en dioxygène et dihydrogène sous l’action d’un courant électrique. La production de dihydrogène par électrolyse peut se faire dans de petites unités réparties sur le territoire national. Pour être rentable, ce procédé exige de pouvoir disposer de courant électrique à très faible coût. Actuellement, la production de dihydrogène par électrolyse coûte 3 à 4 fois plus cher que la production par reformage du gaz naturel. Elle souffre de plus d’un mauvais rendement global. L’électrolyse à haute température, qui est une variante du procédé d’électrolyse disponible aujourd’hui, permettrait d’obtenir de meilleurs rendements. Le prix du dihydrogène produit par des électrolyseurs industriels peut fluctuer entre 5 et 30€/kg d’H2 suivant le prix de l’électricité.

L’autre procédé de décomposition de la molécule d’eau par cycles thermochimiques permet d’opérer la dissociation de la molécule à des températures de l’ordre de 800 °C à 1 000 °C. Mis à l’étude dans le but de récupérer l’énergie thermique actuellement perdue dans les centrales nucléaires (via les circuits de refroidissement), son intérêt économique n’est pas démontré et son emploi n’est plus envisagé en France.


Production directe à partir de la biomasse

La biomasse est constituée de tous les végétaux (bois, paille, etc.) qui se renouvellent à la surface de la Terre. Elle constitue une source potentielle importante de dihydrogène : on obtient, par gazéification, un mélange (CO + H2) que l’on purifie ensuite. Cette solution est attrayante car la quantité de CO2 émise au cours de la conversion de la biomasse en hydrogène est à peu près équivalente à celle provenant de la photosynthèse ; l’écobilan est donc nul.

On cherche actuellement à faire produire du dihydrogène par des microalgues ou des bactéries qui utilisent la lumière et des enzymes spécifiques : les hydrogénases. De telles recherches sont menées sur la plate-forme HélioBiotec, au centre CEA Cadarache. Une autre voie de recherche prometteuse consiste à mimer chimiquement les réactions impliquant ces hydrogénases, pour développer des réacteurs chimiques bio-inspirés de production de dihydrogène.


Utiliser le dihydrogène comme vecteur énergétique implique d’augmenter radicalement sa production.