Vous êtes ici : Accueil > Actualités > Les bactéries, championnes du 3 nages dames

Résultat scientifique | Santé & sciences du vivant | Maladies infectieuses

Les bactéries, championnes du 3 nages dames


​Une équipe du CEA-BIG a caractérisé la nage des bactéries au voisinage des cellules par une étude à l'interface physique-biologie. Pour une meilleure connaissance du potentiel infectieux des bactéries et peut-être une nouvelle stratégie anti-infectieuse.

Publié le 4 janvier 2017

Dans notre organisme, les bactéries sont de véritables patrouilleuses à la recherche de nourriture et d'opportunités infectieuses. Pour se mouvoir, elles sont dotées d'un ou plusieurs flagelles qui agissent comme l'hélice d'un bateau à moteur, tournant dans un sens pour avancer ou dans l'autre pour reculer. Les bactéries peuvent ainsi atteindre des vitesses importantes, de l'ordre de 18 cm/h pour Pseudomonas aeruginosa. Une équipe du CEA-BIG, en collaboration avec l'ENS Lyon, s'est penchée sur les traits distinctifs de cette nage bactérienne car « il est essentiel de caractériser les paramètres physiques et biologiques la régissant afin de comprendre les étapes préalables à la colonisation de l'organisme », explique Philippe Huber.

« La nage près des surfaces induit un moment de force sur le corps de la bactérie qui provoque la courbure de la trajectoire, poursuit le chercheur du CEA-BIG. Ceci permet à la bactérie d'employer plusieurs modes de nage. » Les scientifiques ont ainsi mis en évidence trois types de trajectoires chez P. aeruginosa, caractérisées par différentes vitesses, courbures ou pauses. Afin de discriminer les facteurs mécaniques et biologiques, ils ont étudié les trajectoires sur une surface inerte (du verre) ou à proximité de cellules. « On retrouve les trois types de trajectoire dans les deux cas, mais les trajectoires lentes sont nettement favorisées dans le système biologique », précise Philippe Huber. Pourquoi ? Les chercheurs ont montré que cette préférence pour la lenteur est due à d'autres filaments bactériens que les flagelles, des « poils » très fins appelées pili. Ces derniers disposent de protéines d'adhésion reconnaissant les récepteurs cellulaires. Au voisinage des cellules, la bactérie prend  alors son temps pour balayer la surface et se renseigner sur la possibilité de trouver des nutriments. A l'approche d'une barrière épithéliale, une muqueuse par exemple, elle adapte aussi sa nage pour trouver des brèches qui lui permettraient de traverser et de coloniser l'organisme. « Des leurres chimiques pourraient être utilisés pour brouiller les informations et potentiellement limiter le potentiel infectieux des bactéries pathogènes », conclut le scientifique. 

​Trajectoires bactériennes sur cellules. 
Enregistrement pendant 10 s de bactéries-GFP à proximité de cellules confluentes (noyaux en bleu). © CEA

Haut de page