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Résultat scientifique | Environnement

Quand un gaz soufré espionne la photosynthèse


​Présent à l'état de trace dans l'atmosphère, l'oxysulfure de carbone est assimilé par les plantes comme le dioxyde de carbone. En analysant l'évolution de sa teneur, les chercheurs ont pu évaluer la hausse de l'activité photosynthétique. Elle aurait augmenté de 30% en un siècle et constituerait  un puits de carbone équivalent au quart des émissions anthropiques. La prise en compte de ce résultat améliorera les modèles numériques décrivant l'évolution conjointe du climat et du cycle du carbone.

Publié le 7 avril 2017

L'oxysulfure de carbone (OCS) est le composé soufré gazeux le plus abondant de l'atmosphère, même si sa concentration est très faible (de l'ordre de 10-10), et il est assimilé par les plantes de la même façon que le CO2 au cours de la photosynthèse. Ceci explique l'intérêt des climatologues pour ce gaz afin d'étudier le cycle du carbone. Ils ont donc effectué des prélèvements d'air dans les bulles emprisonnées dans les glaces de l'Antarctique et dans l'atmosphère au-dessus de ce continent.

Ils ont ainsi pu reconstituer, depuis la moitié du 18e siècle jusqu'à aujourd'hui, les variations de la teneur atmosphérique en OCS. Ils mettent en évidence une hausse de 70% pendant plus de deux siècles qui s'explique principalement par la combustion du charbon et la production d'aluminium et de viscose. Cette hausse est suivie d'une baisse depuis les années 1990.

En croisant ces données avec d'autres, collectées pour l'étude du cycle du carbone, ils ont pu déterminer les sources d'émission d'OCS et en déduire les puits. Le puits d'OCS lié à la photosynthèse des plantes terrestres s'est fortement développé. Il indique une augmentation de production primaire brute des végétaux de l'ordre de 30% en un siècle, en réponse à l'augmentation du CO2 et au changement climatique qui en résulte. Ce phénomène explique donc en grande partie le fait que les plantes soient encore capables de capter aujourd'hui environ un quart des émissions anthropiques de CO2, malgré leur constante augmentation.

Cette « nouvelle donne » permettra de mieux contraindre les modèles numériques sur un point qui restait jusqu'alors incertain : la réponse de la photosynthèse aux variations du CO2 atmosphérique. Avec un bémol : la capacité des plantes à absorber plus de CO2 au cours du 20e siècle ne présage pas en rien de l'avenir car les chercheurs ont récemment identifié des limites à l'effet fertilisant du CO2 atmosphérique.

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