Vous êtes ici : Accueil > Actualités > Cancer de la glande corticosurrénale : des biomarqueurs qui en disent long

Résultat scientifique | Biomarqueurs | Cancer

Cancer de la glande corticosurrénale : des biomarqueurs qui en disent long


​De nouvelles stratégies thérapeutiques contre le cancer sont à chercher du côté de l’épigénétique, lorsque les microARNs laissent s’exprimer certains gènes et en répriment d’autres. Démonstration pour les corticosurrénalomes à l’Institut BIG.

Publié le 20 juin 2018
« Le carcinome de la glande corticosurrénale (CCS) est une tumeur de pronostic sombre qui est résistante aux thérapies anti-cancéreuses conventionnelles. Les thérapies ciblées n’ont pas non plus montré d’amélioration significative de la survie des patients porteurs de ce cancer », explique Nadia Cherradi, chercheuse à BIG. Afin de trouver de nouvelles stratégies thérapeutiques, son équipe travaille depuis plusieurs années sur les microARNs, des biomarqueurs très prometteurs pour le cancer. « Les microARNs sont de petits ARNs non-codants qui conduisent principalement à une répression de l’expression de leurs gènes cibles, poursuit la scientifique. Grâce à leur capacité à moduler l’expression de plusieurs gènes à la fois, leur évaluation comme cibles thérapeutiques devient un enjeu majeur en cancérologie ».

Les chercheurs ont découvert plusieurs altérations de l’expression des microARNs dans le CCS, notamment de miR-483-5p et miR-139-5p, qui permettent de discriminer les cancers récidivants et métastatiques des cancers moins agressifs. Ils ont récemment identifié leurs gènes cibles à l’aide de prédictions in silico et d’approches moléculaires, validées sur des données réelles issues de cohortes de patients. « Notre approche originale, basée sur l’intégration des analyses bioinformatiques, des données de patients et des études cellulaires, nous ont permis d’identifier les gènes NDRG2 et NDRG4 comme gènes cibles de miR-483-5p et de miR-139-5p», ajoute Nadia Cherradi. Le rôle physiologique de ces gènes dans la corticosurrénale reste pour l’heure inconnu. Toutefois, la corrélation entre la surexpression de miR-483-5p et de miR-139-5p et la perte d’expression de NDRG2 et NDRG4 a été clairement mise en évidence dans trois cohortes indépendantes de patients du réseau National COMETE (piloté par l’hôpital Cochin) et du CHU de Grenoble. 

« Cette étude, qui montre pour la première fois que miR-483-5p et miR-139-5p et leurs gènes cibles sont impliqués dans le phénotype agressif du carcinome corticosurrénalien, devrait contribuer à la définition de nouvelles approches diagnostiques/pronostiques et thérapeutiques pour la prise en charge des patients porteurs de ce cancer », conclut la chercheuse. 

Zoom sur… le cancer de la glande corticosurrénale

Les glandes surrénales, situées au-dessus des reins, sont formées de deux parties : la partie externe ou corticosurrénale et la partie centrale ou médullosurrénale. La corticosurrénale est constituée de cellules qui sécrètent dans le sang des hormones stéroïdiennes. Les tumeurs corticosurrénaliennes, classées en adénomes (bénins) et corticosurrénalomes (CCS, malins), peuvent être secrétantes et responsables de syndrome de Cushing (hypersécretion de cortisol), d’hirsutisme (hypersécrétion d’androgènes) et plus rarement de syndrome de Conn (hypersécrétion d’aldostérone). Cependant, environ 50% des corticosurrénalomes ne secrètent pas de stéroïdes et sont diagnostiqués à un stade tumoral avancé, parfois déjà métastatique. Ils posent de très grandes difficultés diagnostiques et thérapeutiques. Ces cancers sont rares (incidence ~2 cas/million) mais associés à un mauvais pronostic (taux de survie à 5 ans inférieur à 36% tous stades confondus, chute à 13% pour les stades IV- données Orpha.net).

Haut de page