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Il n’y a pas d’« océan » caché dans le noyau terrestre !


​Quelle quantité d'hydrogène recèle le noyau terrestre ? Pour tenter de répondre à cette difficile question, une collaboration impliquant l'Iramis a simulé en laboratoire la ségrégation d'un alliage riche en fer dans un environnement silicaté, en recréant des conditions de pression et température analogues à celles de la formation du noyau terrestre. Selon cette étude, seule une infime quantité d'hydrogène a dû incorporer le noyau de la Terre comme celui de Mars, favorisant la formation précoce d'un manteau et d'une atmosphère riches en eau.   
Publié le 15 mars 2018
​Certaines planètes telluriques comme la Terre ou Mars possèdent en leur centre un noyau métallique, composé essentiellement de fer et entouré d'un manteau rocheux (silicaté). Un tel noyau s'est formé dans les premiers millions d'années de la planète, quand celle-ci était encore si chaude que sa surface était fondue sur une épaisseur de plusieurs centaines de kilomètres, formant un « océan » magmatique. Dans cet océan, le fer, le plus lourd des éléments abondants, s'enfonce en profondeur et forme le noyau. Lors de sa migration vers le centre de la planète, il réagit avec le magma et s'associe à des éléments légers tels que l'oxygène, le silicium ou le soufre. Il se forme ainsi un noyau central à base de fer liquide, agité de mouvements, d'où pourra émerger un champ magnétique planétaire.

Quelle est alors la composition chimique exacte du noyau terrestre ? C'est un des grands défis que les scientifiques essaient de relever depuis plusieurs décennies. Ainsi par exemple, l'hydrogène est réputé avoir accompagné la ségrégation du fer lors de la formation du noyau et être devenu un élément important du noyau. Qu'en est-il réellement ?

Pour tenter de résoudre ce problème, des chercheurs ont simulé la formation d'un « mini-noyau » en laboratoire en recréant des conditions analogues à celles qui règnent pendant la formation d'un authentique noyau planétaire : pression de 5 – 20 GPa et température de 1.700 – 2.500 °C. Le suivi de la séparation entre l'alliage métallique riche en fer (noyau) et le silicate (manteau) en présence d'eau (1,5 % en poids) est réalisé sur la presse « multi-enclumes » du Laboratoire magmas volcans (Puy-de-Dôme). Une fois l'expérience terminée, la composition en éléments légers, en particulier en hydrogène, doit être mesurée dans chaque échantillon silicaté et métallique. Pour cela, la microsonde nucléaire de l'Iramis s'est imposée comme le seul instrument autorisant cette analyse par diffusion d'ions élastique. Résultat : l'hydrogène est un des éléments les moins susceptibles d'entrer dans le noyau, même à très haute pression. En effet, il en est empêché par son association préférentielle avec d'autres éléments légers comme le silicium, le carbone ou le soufre. Il n'est retrouvé dans la partie métallique qu'à une teneur voisine de quelques centaines de ppm (parties par million).

En se basant sur les estimations hautes issues de ces expériences, les scientifiques concluent que la concentration en hydrogène dans le noyau serait inférieure à 70 ppm. L'essentiel de l'hydrogène disponible reste donc associé aux constituants du manteau, d'où il peut être relâché en surface pour former une atmosphère riche en dihydrogène et donc en eau (par réaction de H2 et O2).

Ces travaux ont été réalisés par des chercheurs du Laboratoire Magmas et Volcans (CNRS, Universités Blaise Pascal et Jean Monnet, Observatoire de physique du globe de Clermont-Ferrand, Institut de recherche pour le développement), du Laboratoire d'Étude d'Éléments Légers de CEA-Iramis (CEA, CNRS, Université Paris-Saclay) et de l'Institut de Minéralogie, de Physique des Matériaux et Cosmochimie (CNRS, Université Paris-Sorbonne).

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