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Résultat scientifique | Environnement

L’Homme était déjà présent aux Philippines il y a 700 000 ans


​Une équipe internationale et interdisciplinaire, impliquant le LSCE, vient de révéler les plus anciennes traces de peuplement des Philippines par des hominidés, dans le site archéologique de Kalinga (Île de Luzon) daté de 709 000 ans. Une découverte qui bouleverse les connaissances sur l'histoire du peuplement de l'Asie du sud-est insulaire !
Publié le 1 juin 2018
​Depuis 2,5 millions d'années, les Philippines forment un chapelet d'îles isolées du continent par de profonds bras de mer. La plus ancienne présence humaine connue aux Philippines avait été datée de 67 000 ans en 2010. Des découvertes récentes sur le site de Kalinga, fouillé depuis 2014, repoussent cette date loin dans le temps.

Les fouilles ont mis au jour plusieurs restes animaux : varan, tortue boîte, cerf des Philippines, Stegodon (un cousin de l'éléphant) et une espèce de rhinocéros éteinte depuis au moins 100 000 ans, Rhinoceros philippinensis. Celui-ci a été retrouvé sous la forme d'un squelette presque complet, associé à plusieurs dizaines d'outils préhistoriques, taillés sur enclume. La carcasse présente plusieurs traces de découpes sur les côtes et extrémités des membres et des points de percussion sur les os d'un membre antérieur. Les archéologues ont pu établir que ces traces sont caractéristiques de traces de boucherie. Ils démontrent que ces animaux ont été découpés avec des outils en pierre comme ceux qui ont été retrouvés près de ce rhinocéros et consommés par des Hommes. 


Ossements de rhinocéros dans le site archéologique de Kalinga sur lesquels des traces de boucherie ont été retrouvées. © DR

L'âge de la mort de ce rhinocéros a été calculé par diverses méthodes de datation (40Ar/39Ar, U/Th et résonance de spin électronique) et grâce au paléomagnétisme. Toutes ces analyses convergent vers une période comprise entre 750 000 et 700 000 ans. Mais en l'absence de restes humains, l'identité exacte de ces Hommes reste inconnue.

Ces preuves indirectes de la présence très ancienne d'hominidés sur l'île de Luzon posent de nouvelles questions sur les voies de colonisation de l'Asie du Sud-est insulaire. Alors que les herbivores sont capables de nager sur de longues distances et ont pu arriver aux Philippines lors de périodes de bas niveau marin, une telle hypothèse n'est pas envisageable pour l'Homme. Un ancêtre de l'Homme, avant même Homo sapiens, maîtrisait-il un mode de navigation ? Cette colonisation s'est-elle, au contraire, faite accidentellement par le biais de langues de terre aujourd'hui disparues, à la suite de tsunami ou d'événements tectoniques ?

Ces travaux ont été réalisés en collaboration avec le Muséum national d'histoire naturelle, le CNRS, l'Université Versailles-St-Quentin, et le Museum national des Philippines. 

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