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Un volcan islandais à l’origine de l’été meurtrier de 1783 en Europe


​Une étude croisant climatologie et histoire et impliquant le LSCE1 a permis d'identifier les différentes causes de la surmortalité observée durant l'été 1783, à la suite de l'éruption du Laki. La pollution particulaire en oxydes de soufre au cours d'un été chaud a joué un rôle essentiel.
Publié le 26 octobre 2018

En 1783, le volcan Laki, situé au sud de l'Islande, a connu une salve d'éruptions de lave la plus importante de l'histoire. Elle a produit 125 millions de tonnes de SO2 et provoqué de graves perturbations climatiques dans l'hémisphère nord au cours des années qui suivirent. Des revues scientifiques et philosophiques rapportent l'apparition de brouillards « secs » et soufrés qui piquent les yeux tandis que les registres paroissiaux témoignent de nombreux décès.

Les années 1783-1784 offrent donc aux climatologues une « expérience naturelle » qui leur permet d'utiliser leurs modèles de transport et de chimie des particules dans l'atmosphère, notamment via l'impact de cette pollution sur la santé des populations européennes.

À partir de rares séries de relevés météo quotidiens et des mesures réalisées avec la cinquantaine de baromètres de précision opérationnels en Europe à cette époque, les chercheurs ont pu reconstituer précisément l'évolution des champs de pression atmosphérique sur cette période. Ils ont ainsi pu calculer les concentrations atmosphériques en oxydes de soufre (SO2/SO4) qui prévalaient en Atlantique Nord et en Europe occidentale au cours de ces deux années.

Plusieurs facteurs ont contribué à un accroissement de 32 % de la mortalité entre juin et septembre 1783, un effet significatif au vu des seize années précédentes : l'apport important des oxydes de soufre dans l'atmosphère à partir du 8 juin 1783 a fragilisé les populations européennes, en l'absence de soins, au cours d'un été particulièrement chaud.

Il faut noter que les concentrations particulaires en Europe et en France relevées dans le cadre de cette étude sont inférieures à celles enregistrées aujourd'hui, à Pékin par exemple.

Ces travaux ont été réalisés en collaboration avec le LSCE, l'Institut Pierre-Simon Laplace, Météo-France et l'Université de Franche-Comté.

1 : Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement (CEA, CNRS, Université Versailles-St-Quentin).

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