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Valoriser les eaux de source des villes


​Utiliser les eaux de source de la région parisienne pour améliorer le cadre de vie, rafraîchir et verdir la ville de Paris : voici ce que recommandent les chercheurs d'un partenariat piloté par le LSCE (CEA-CNRS-UVSQ), en anticipation d'éventuelles pénuries d'eau potable.

Publié le 18 juillet 2023

​L'eau de la ville. Il y a celle du robinet, provenant des rivières et des fleuves ou de forages très profonds dans les nappes phréatiques. Il y a également l'eau de pluie qui s'est infiltrée dans le sous-sol et forme par endroits des nappes de faible profondeur. Celles-ci, drainées à Paris depuis des siècles pour alimenter des fontaines et sources historiques, sont pourtant considérées comme impropres et sont donc inutilisées. Elles se retrouvent souvent mises à l'égout et deviennent des « eaux parasitaires ».

Dans le contexte de raréfaction de la ressource en eau, un partenariat coordonné par le LSCE, en lien avec le Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (Cerema) et le Cnam, s'est attelé à cartographier les sources historiques de Paris pour connaître leur état de santé et retracer l'histoire de leurs usages, en vue de nouvelles valorisations. Après cinq années de campagnes régulières d'échantillonnage des eaux, pilotées par le Cerema, et d'analyses d'archives naturelles du passé coordonnées par le LSCE, le projet ANR Huniwers livre ses premiers résultats.

Deux sites à l'étude : le réseau des Sources du Nord, souterrains bâtis au XIIe siècle au niveau des quartiers actuels de Belleville, Ménilmontant et allant jusqu'à la ville des Lilas ; et l'aqueduc Médicis, réalisé au XVIIe siècle pour amener des eaux depuis le plateau de Rungis jusqu'au cœur de Paris. Les spécialistes ont effectué des prélèvements sur différentes fontaines et dans les réseaux d'aqueducs. « Nous avons également analysé des concrétions de calcaire, stalagmites trouvées dans ces souterrains. Cela nous a permis de dresser un historique chimique sur 300 ans car ces carbonates enregistrent la composition de l'eau », indique Edwige Pons-Branchu, géochimiste du LSCE et pilote du projet.

 

Ces eaux s'avèrent contenir une importante concentration en soufre (sulfates). Les chercheurs ont pu en établir la provenance à partir de l'étude de ces concrétions calcaires dans lesquelles les teneurs en soufre augmentent également pour les niveaux déposés à partir des années 1850 : il s'agirait du gypse utilisé dans les remblais pour la construction du nouveau quartier de Belleville au XIXe siècle. Des traces de plomb ont également été décelées. Une thèse est actuellement en cours afin de préciser les pollutions modernes, comme l'utilisation du pétrole ou des composés organiques de type aromatiques polycycliques (HAP).

« Certes, ces eaux ne sont pas potables mais elles pourraient être valorisées, par exemple pour nettoyer les rues et arroser les parcs et jardins comme cela se faisait jadis », affirme la spécialiste qui appelle à clarifier la réglementation sanitaire pour que soient déployés ces nouveaux usages. C'est pourquoi le LSCE et ses partenaires ont organisé en mai dernier un séminaire regroupant plus de cent cinquante experts et acteurs des villes, à l'échelle nationale et européenne. L'occasion de les sensibiliser à considérer l'eau de source comme un patrimoine public, en cette période de disponibilité critique de la précieuse ressource.

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