L'épidémie mondiale de monkeypox (MPXV) de 2022 s'est caractérisée par une transmission accrue lors de rapports sexuels, principalement chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes. Ce changement épidémiologique a mis en lumière la nécessité de réévaluer les stratégies de vaccination et de prévention.
Pour répondre à cet enjeu, le Département IDMIT a développé un modèle expérimental dans un modèle animal primate. Les animaux ont été infectés par voie rectale avec une souche de MPXV clade IIb isolée en 2022. Ce modèle a permis de reproduire de façon fidèle plusieurs caractéristiques observées chez l'homme : une infection rectale locale, des lésions cutanées et muqueuses, une dissémination systémique du virus et, point majeur, une excrétion prolongée dans le sperme et les fluides rectaux, confirmant la pertinence de ce modèle pour étudier la transmission sexuelle.
L'efficacité du vaccin Modified Vaccinia Ankara (MVA), déjà utilisé lors de l'épidémie de 2022, a ensuite été évaluée. Dans le cadre d'une vaccination préventive (PrEP), deux doses administrées avant l'exposition ont conféré une protection quasi complète :
- absence de symptômes cliniques significatifs,
- forte réduction de la charge virale rectale (jusqu'à 1000 fois inférieure aux témoins),
- absence de virus détectable dans le sperme,
- contrôle de la dissémination systémique.
Les animaux vaccinés présentaient une réponse immunitaire robuste, combinant anticorps neutralisants dirigés contre plusieurs protéines virales (A35, B6, E8 notamment) et activation coordonnée de lymphocytes T CD4+ et CD8+, comparable à celle observée chez des animaux convalescents.
@CEA/IDMIT
En revanche, la vaccination post-exposition (PEP), administrée quatre jours après l'infection , n'a pas permis de prévenir la réplication virale ni l'apparition de la maladie. Les charges virales rectales et séminales restaient similaires à celles des animaux témoins, et les signes cliniques étaient comparables.
Ces résultats démontrent que le vaccin MVA est un outil efficace en prévention avant exposition, mais qu'il ne peut pas constituer une stratégie fiable en post-exposition dans le contexte de la transmission sexuelle du MPXV. Ils soulignent l'importance d'orienter les politiques de santé publique vers la vaccination préventive des populations les plus exposées et invitent à repenser les protocoles actuels de PEP.
Contact : Cécile Hérate