Vous êtes ici : Accueil > Actualités & Communiqués > Réutiliser ou recycler : choisir avec l'analyse du cycle de vie

Actualité | Décryptage | Disciplines transverses | Matériaux | Technico-économie de l'énergie | Environnement | Energies

DECRYPTAGE - L'OEIL DE L'EXPERT

Réutiliser ou recycler : choisir avec l'analyse du cycle de vie


​Réutiliser ou recycler ? Pour le déterminer, l’analyse du cycle de vie pointe tous les aspects de production, fabrication et usages d’un produit. Ces analyses technico-économiques très complexes permettent de choisir la meilleure solution pour l’environnement. Explications par Elise Monnier, ingénieure au CEA-Liten.

Publié le 31 août 2021

Depuis quand le CEA se consacre-t-il à l’analyse du cycle de vie et en quoi cela consiste-il ?

Le CEA-Liten s’est spécialisé à l’analyse du cycle de vie (ACV) depuis 2009. Nous le faisons à la demande des industriels dans le cadre de nos collaborations ou pour accompagner nos propres développements technologiques. L’ACV est une méthode normalisée pour quantifier les impacts environnementaux d’un système, qu’il s’agisse d’un produit, d’une technologie, d’un scénario économique... L’ACV doit prendre en compte plusieurs critères. En cela, elle se distingue par exemple d’un bilan carbone qui ne considère que les gaz à effet de serre. Elle consiste à couvrir idéalement l’ensemble d’une chaîne de valeur : acquisition des matières, fabrication, usage et recyclage. Elle peut considérer jusqu’à 16 indicateurs d’impact recommandés par l’Europe : biodiversité, acidification des eaux, changement climatique, utilisation des ressources, etc. Certaines ACV sont simples, celle d’un stylo nécessitera seulement une journée. D’autres se révèlent plus complexes, comme celle d’une technologie en développement, et pourront prendre six mois.

Quelle est son utilité ?

Un des buts est d’éviter les transferts d’impact : sans cette analyse globale, on peut améliorer une étape en en dégradant une autre, ou faire progresser un critère au détriment d’un autre. On le voit si l’on compare le véhicule thermique et le véhicule électrique. Le premier émet plus de CO2 à l’usage, mais le second consomme davantage de ressources minérales, notamment des matériaux critiques. L’ACV permet de quantifier cela. Elle peut être réalisée avant le développement d’un procédé ou d’un produit, ou bien après. On réalise aussi des ACV au fur et à mesure qu’une technologie se développe, en soutien de décisions et de stratégies énergétiques.

Que disent les ACV sur l’économie circulaire ?

L’ACV a son intérêt sur les questions de recyclage : est-il plus vertueux de recycler un produit ou d’en produire un nouveau plus efficace ? Souvent, les choix pour la fin de vie d’un produit font varier de 10 % à 30 %, en positif ou négatif, les impacts environnementaux. L’ACV renseigne aussi sur la meilleure manière d’utiliser les produits. Par exemple, lorsqu’un produit est très polluant, il vaut mieux en acheter un neuf plus efficace que de prolonger sa durée de vie. Les ACV montrent aussi que la mutualisation des usages entraîne systématiquement de forts gains environnementaux : mieux vaut utiliser des voitures partagées ou en louer que de posséder sa propre voiture.

Et sur la récupération des matériaux critiques ?

Considérons le cas des aimants d’éoliennes. L’ACV peut aider à choisir entre plusieurs options : la réutilisation, le remanufacturing, ou le recyclage. Dans le premier cas, on réutilise l’objet presque tel quel, mais les performances ne sont pas toujours optimales. Le remanufacturing implique de démanteler, séparer, remettre à neuf. Enfin, le recyclage en boucle fermée nécessite de réintroduire les matériaux dans le processus de fabrication, pour couler de nouveaux aimants. Pour ces aimants, à l’échelle industrielle, le remanufacturing est la meilleure stratégie.

Haut de page

Haut de page