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Covid-19 et intestin : une connexion inattendue


​Dans une étude publiée dans Mucosal Immunology, les chercheurs d'IDMIT mettent en évidence à l'aide d'un modèle d'étude préclinique l'importance de la fonction immunitaire intestinale dans la compréhension des conséquences à long terme de l'infection par le SARS-CoV-2.

Publié le 18 décembre 2023

Le SARS-CoV-2, virus responsable de la récente pandémie de COVID-19, a suscité une attention particulière en raison de sa capacité de transmission aérienne. Cependant, au-delà de son impact sur le système respiratoire, des recherches ont révélé que ce virus pouvait également affecter d'autres organes. Outre les symptômes respiratoires bien connus, tels que la toux et les difficultés respiratoires, la COVID-19 présente des manifestations cliniques moins évidentes. Parmi elles, des troubles gastro-intestinaux ont été observés chez près d'un tiers des patients au début de l'infection. Ces troubles incluent des symptômes tels que des nausées, des vomissements, des douleurs abdominales et des diarrhées. Des études récentes ont également montré que la présence de ces troubles est liée à une évolution défavorable de la maladie. De plus, certains patients continuent de ressentir des symptômes gastro-intestinaux persistants plusieurs mois après avoir été infectés par le SARS-CoV-2. Ces observations soulignent la complexité de cette pathologie en tant que maladie systémique, et mettent en évidence l'importance d'un axe poumon/intestin dans le développement et la sévérité de l'infection.

En utilisant un modèle d'étude préclinique d'infection par le SARS-CoV-2, les chercheurs d'IDMIT ont examiné l'impact du virus sur le tractus gastro-intestinal (GI) en s'intéressant aux mécanismes et acteurs immunitaires impliqués dans la réponse à l'infection. Ils ont analysé les changements immunologiques dans le tractus GI et évalué les altérations de la barrière intestinale en phase aigüe post-infection (jusqu'à neuf jours après infection) et en phase de résolution de l'infection (43 jours après).

Les chercheurs ont détecté la présence d'ARN viral du SARS-CoV-2 dans les fluides rectaux et les tissus intestinaux des modèles primates non humains infectés, indiquant une exposition du tractus gastro-intestinal au virus. Des altérations significatives ont été observées dans la distribution des sous-populations cellulaires immunitaires (plus particulièrement les macrophages) dans les tissus intestinaux entre l'iléum et le côlon, suggérant une réponse immunitaire influencée par le SARS-CoV-2 de manière différentielle le long du tractus GI.

La diminution des macrophages résidents anti-inflammatoires et l'augmentation des macrophages associés à l'inflammation dans le côlon peuvent contribuer à la perte d'intégrité de la barrière intestinale. Ces changements persistent même après la résolution de l'infection, indiquant des conséquences à long terme sur le système immunitaire intestinal. L'étude indique également une corrélation entre l'inflammation intestinale et la migration de bactéries intestinales dans la circulation sanguine.

L'ensemble de ces résultats, publiés dans Mucosal Immunology, indique que l'infection par le SARS-CoV-2 perturbe l'homéostasie immunitaire dans le tractus gastro-intestinal, entraînant une inflammation persistante, des changements dans la composition des cellules immunitaires, et une altération de la barrière intestinale, et ceci même après résolution de la phase d'infection.

Ces perturbations pourraient contribuer aux symptômes gastro-intestinaux observés chez certains patients atteints de la COVID-19 et soulignent l'importance de cibler le tractus gastro-intestinal pour améliorer les résultats cliniques en prenant en compte la restauration de la fonction immunitaire intestinale. ​


Contact chercheur CEA : Mariangela Cavarelli mariangela.cavarelli@cea.fr


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