La ricine : un produit toxique qu'il faut détecter
La 
   ricine figure sur la liste des 
   produits chimiques toxiques interdits dans le cadre de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques[1] : facile à extraite d'une plante très répandue, le ricin commun, la protéine est 
   hautement toxique pour l'humain. 
Il n'existe pour l'instant 
   pas de prophylaxie efficace commercialisée. En cas d'attaque bioterroriste potentielle, l'identification rapide et sans ambiguïté de la toxine est cruciale. Il existe un panel de méthodes de détection, toutes n'étant pas nécessairement adaptées à la complexité des échantillons à tester (air, nourriture, liquide biologique…).
Beaucoup de ces 
   méthodes reposent sur l'utilisation d'anticorps anti-ricine, soit pour la détection elle-même (ELISA, LFIA), soit pour une étape d'enrichissement avant une détection par spectrométrie de masse. Les anticorps utilisés reconnaissent une des deux chaines protéiques de la toxine:
- la 
      chaine A, la sous-unité catalytique de la protéine responsable de l'arrêt de la synthèse protéique dans les cellules infectées ;
- ou la 
      chaine B, capable de lier la toxine à la paroi cellulaire. 
 
 
Nouvelle méthode de détection, sans anticorps
Une 
   alternative aux anticorps consiste à exploiter la 
   capacité de la chaine B de la toxine à interagir avec des sucres. Dans un 
   article publié dans 
   
      Analytical and Bioanalytical Chemistry, une équipe du 
   LI-MS (SPI/DMTS) en collaboration avec le 
   Center for Disease Control and Prevention (National Center for Environmental Health, Atlanta, USA), décrit une 
   stratégie de détection rapide de la ricine qui repose sur l'affinité de sa chaine B pour l'asialofétuine, une glycoprotéine 
   disponible dans le commerce : 
   accrochée à des billes magnétiques, l'asialofétuine est utilisée comme « appât » pour extraire la ricine des échantillons. La 
   détection spécifique des peptides « signatures » de la ricine est réalisée 
   par spectrométrie de masse à haute résolution (LC-MS/MS). Des optimisations ont permis de réduire le temps de préparation des échantillons de 5h à 1h20. 
 
   La méthode permet de détecter la ricine à l'état de traces dans une large gamme de pH allant de 4 à 10. Elle a permis de détecter la présence de ricine 
   dans des échantillons représentatifs de ceux qui pourraient devoir être analysés en situation réelle (sérum humain ou bol de soupe), complexes de par leur richesse protéique. 
Cette nouvelle méthode constitue 
   une solution pertinente, sans anticorps, pour la détection rapide et spécifique de la ricine par spectrométrie de masse en cas de suspicion d'incident toxique, en complément de la détermination de la ricine active par des essais de libération d'adénine.
 
 Contact Institut des sciences du vivant Frédéric-Joliot :
 
   
 
   [1] Convention sur l'Interdiction de la Mise au Point, de la Fabrication, du Stockage et de l'Emploi des Armes Chimiques et sur leur Destruction. | OPCW, 7 juin 2020