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Nom de code : Mélusine - La fée des eaux au service du nucléaire français


​​Photographe avant-gardiste, Pierre Jahan a posé un regard unique sur les débuts du CEA, entre art et technique. 

Il inspire notre nouvelle série « Nom de code : Réacteurs nucléaires »,​ avec pour troisième épisode de cette série : Mélusine.


Publié le 17 novembre 2025

​Au nord de Grenoble, dans les grottes de Sassenage, une légende circule depuis des siècles : celle de Mélusine, femme-serpent, gardienne des sources, emblème du Dauphiné.

Ce nom, c’est la fille de Louis Néel, prix Nobel et premier directeur du CEA Grenoble, qui le souffla pour baptiser un réacteur pionnier. Et c’est ainsi qu’en 1958, le premier réacteur du type piscine à cœur ouvert français diverge, sur le site du CENG, devenu depuis CEA Grenoble.

Réacteur de recherche de type MTR (Material Testing Reactor), il utilisait comme combustible de l’uranium très enrichi, destiné à l’expérimentation scientifique. À l’époque, la France ne dispose pas d’usine d’enrichissement, ce combustible était fourni par les États-Unis via le programme Euratom.

 

La piscine et les appareils de commandes des différentes expérimentations immergées dans la pile. Photo prise en juin 1961. © P.Jahan


D’abord exploité à 1 MWth, Mélusine atteindra 8 MWth après sa modernisation en 1971.

Pensé pour l’expérimentation, il disposait de nombreux canaux de faisceaux de neutrons, radiaux et tangentiels, débouchant dans un vaste hall expérimental pressurisé, accessible et conçu pour accueillir des dispositifs variés.

 

Vue d'ensemble de la pile piscine Mélusine. Photo prise en avril 1964. © P. Jahan


On y étudiait :

  • les matériaux sous irradiation,

  • les produits de fission à vie courte,

  • la diffraction des neutrons sur poudres et monocristaux,

  • ou encore la neutronographie appliquée à la recherche fondamentale comme à l’industrie.


Mélusine a été un véritable incubateur scientifique. De jeunes chercheurs s’y sont formés avant de rejoindre les grands instruments de l’ILL - Institut Laue Langevin, né à Grenoble en 1967. 

Plusieurs équipements développés sur Mélusine, diffractomètres, multidétecteurs, spectromètres, ont préfiguré les installations neutroniques les plus performantes de leur temps.

 

Cœur de pile-piscine Mélusine et les expérimentations immergées dans la piscine. Photo prise en juin 1961. © P. Jahan



Arrêté en 1988, déclassé en 2011, entièrement démantelé en 2013, Mélusine a marqué durablement l’histoire du site de Grenoble. Son esthétique, piscine bleutée et bouée de secours, reste gravée dans les mémoires.


Le saviez-vous ? 

Mélusine a inspiré son successeur Siloé, mais aussi le développement de nombreux instruments neutroniques européens. 



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