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Nom de code : ZOE - 3 lettres pour un secret bien gardé


Photographe avant-gardiste, Pierre Jahan a posé un regard unique sur les débuts du CEA, entre art et technique. 

Il inspire notre nouvelle série « Nom de code : Réacteurs nucléaires »,​ avec pour premier épisode de cette série : la pile atomique ZOE.

Publié le 31 octobre 2025

Dans l’immédiat après-guerre, la France choisit de se doter d’un outil de recherche autonome sur l’énergie atomique. Le CEA est alors créé en octobre 1945, sous l’impulsion du Général de Gaulle, avec à sa tête Frédéric Joliot-Curie.



ZOE (pour Zéro énergie, Oxyde d’uranium, Eau lourde) nait 3 ans plus tard et marque l’entrée du pays dans l’ère nucléaire. 
ZOE ou plutôt EL-1, de son nom officiel, est ainsi le premier réacteur expérimental français.

Un projet pionnier, réalisé en un temps record malgré des moyens limités, dans une France en reconstruction.
ZOE est un réacteur alimenté à l’oxyde d’uranium et modéré à l’eau lourde. Le choix de l’eau lourde s’explique par les liens étroits avec Norsk Hydro (Norvège), premier producteur commercial de ce matériau. L’uranium y est utilisé à l’état naturel, à une époque où la France ne maîtrise pas encore l’enrichissement isotopique.
L’objectif initial de ZOE : produire des traceurs radioactifs pour les hôpitaux et laboratoires, afin de réduire les importations. La pile sert aussi d’outil de formation à la neutronique, science alors émergente, et de banc d’essai pour préparer les futures piles atomiques.


Installée sur le site de l’ancien fort de Châtillon, à Fontenay-aux-Roses, dans un bâtiment construit spécifiquement à partir de matériaux de récupération, la pile ZOE démarre (diverge) pour la première fois le 15 décembre 1948.
C’est la première réaction en chaîne nucléaire contrôlée sur le territoire national.
Ce réacteur a permis de former toute une génération de physiciens et d’ingénieurs, d’acquérir une expertise précieuse sur la neutronique, la physique des réacteurs et les matériaux. Il a aussi constitué la base des développements qui ont suivi, menant à des réacteurs plus puissants, mieux instrumentés, et à la naissance d’un véritable parc nucléaire de recherche et de production.



 ZOE est aujourd’hui un jalon historique, reconverti en espace muséographique. Elle incarne à la fois l’ingéniosité scientifique d’une époque, la volonté d’indépendance stratégique & les débuts d’une aventure industrielle majeure pour la France.



 Le saviez-vous ?
Avant d’être appelée ZOE, la première pile nucléaire française ​a failli s’appeler… FLOP ! Son concepteur, Lew Kowarski propose alors « French Low Output Pile », dans la lignée de ZEEP (Zero Energy Experimental Pile), le réacteur canadien qu’il avait contribué à faire diverger en 1945. FLOP : un acronyme technique anglais adapté... mais au sous-texte français malheureux. 

L’idée est vite écartée … au profit du nom plus symbolique de ZOE.

Toutes les photos sont issues du fond P. Jahan.




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