Vous êtes ici : Accueil > Actualités & Communiqués > Le noyau atomique : liquide fissile ou molécule vitale ?

Communiqué de presse | Résultat scientifique | Matière & Univers | Etoiles | Physique nucléaire

Le noyau atomique : liquide fissile ou molécule vitale ?


​Une nouvelle vision unifiant les deux aspects noyau-liquide et noyau-molécule est révélée par une équipe de l’Institut de physique nucléaire d’Orsay (Université Paris-Sud/CNRS) et du CEA, en collaboration avec l’Université de Zagreb. En faisant l’analogie avec les étoiles à neutrons[1], les chercheurs ont mis en évidence, pour la première fois, l’une des conditions nécessaires à la formation, au sein du noyau atomique, de comportements moléculaires. Ces derniers permettent notamment de comprendre la synthèse des éléments indispensables à l’apparition de la vie. Ces travaux sont publiés dans Nature le 19 juillet 2012.

Publié le 19 juillet 2012

Le noyau atomique est généralement décrit comme une goutte de liquide quantique de l’ordre du millionième de milliardième de mètre de diamètre. Ce comportement de type liquide explique notamment la fission nucléaire, et s’applique préférentiellement aux noyaux lourds, c’est-à-dire ceux contenant beaucoup de nucléons (les neutrons et les protons). En revanche, les noyaux légers[2] peuvent se comporter comme de minuscules « molécules » - ou agrégats - composés de neutrons et de protons à l’échelle du noyau. Cet aspect moléculaire permet de comprendre la synthèse stellaire du carbone-12 ou d’éléments plus lourds, nécessaires à l’apparition de la vie[3].

Jusqu’à présent, les deux visions « noyau-molécule » et « noyau-liquide » co-existaient. Aujourd’hui, une équipe de l’Institut de physique nucléaire d’Orsay (Université Paris-Sud/CNRS) et du CEA, en collaboration avec des chercheurs de l’Université de Zagreb, livre une vision unifiée de ces deux aspects. En résolvant des équations de physique quantique à l’échelle du noyau (et notamment l’équation de Schrödinger), les chercheurs ont démontré que, si un noyau léger peut présenter un comportement de type moléculaire (qui tend vers l’état cristallin), il adopte, lorsqu’il s’alourdit, un comportement de type liquide. Pour établir cette nouvelle théorie, les physiciens se sont inspirés des étoiles à neutrons. Plus on s’enfonce à l’intérieur de ces étoiles, plus on passe d’un milieu cristallin à un milieu liquide. Grâce à cette analogie, les physiciens ont identifié un mécanisme de transition de l’état liquide vers l’état cristallin du noyau. Lorsque les interactions entre neutrons et protons ne sont pas assez fortes pour les fixer au sein du noyau, celui-ci est alors dans un état de type liquide quantique où neutrons et protons sont délocalisés. À l’inverse, dans un état cristallin, neutrons et protons seraient fixés à intervalles réguliers dans le noyau. La molécule nucléaire est interprétée comme un état intermédiaire entre le liquide quantique et le cristal. À long terme, il s’agit de comprendre de manière unifiée les différents états du noyau.

[1] Le cœur d'une étoile massive qui s'effondre durant une explosion en supernova acquiert une densité si importante que protons et électrons peuvent se combiner pour former des neutrons. L'astre qui se forme devient ainsi une sorte de noyau atomique géant composé majoritairement de neutrons, d'où le nom de cette étoile.

[2] Comme l’oxygène-16 (16O) qui contient 8 neutrons et 8 protons.

[3] Ainsi, l’état de Hoyle du carbone-12, crucial pour la nucléosynthèse, est décrit comme une molécule nucléaire composée de trois particules alphas ; une particule alpha est un agrégat de deux neutrons et de deux protons.

Haut de page