Projet artistique
Sous la grande nef devenue ciel intérieur, les spectateurs sont guidés par une cellule-voyageuse, incarnée par la comédienne Judith Chemla, gardienne du musée de la vie, revenue d’un périple à travers la matière et les âges. Soudain, le bâtiment respire, la nef se fait membrane, et les filaments cellulaires deviennentconstellations. Le musée se métamorphose, les murs se souviennent d’avoir été matière vivante. Solrey dirige un ensemble pour cordes harpe et percussions qui suit les mouvements des images et des cellules : une musique vivante, traversée de pulsations, de respirations et d’élans. Dans cette traversée des échelles, le public assiste à la danse secrète de la vie, à ses effondrements minuscules, à ses recommencements obstinés — une métamorphose où l’infiniment petit éclaire l’infiniment ancien.
Projetées à une échelle gigantesque sous forme de vidéo mapping, ces images sont le fruit d’un travail expérimental inédit issu des recherches les plus récentes en biologie cellulaire : une série de séquences tournées spécifiquement pour le musée, inspirées et guidées par l’architecture du lieu. Leur pouvoir d’évocation, entre sidération et vertige, tient à leur capacité à révéler les lois et les mécanismes du vivant — ce dont nous sommes faits, et ce qui nous regarde. Elles révèlent l’étrange parenté entre les processus du vivant et ceux d’une architecture en constante métamorphose — une ancienne gare devenue musée.
Le XIXe siècle voit naître une révolution scientifique et technologique sans précédent qui s’accompagne d’un vaste mouvement de vulgarisation des savoirs nourrie par le positivisme, les publications populaires et les expositions universelles. Ces avancées ont profondément influencé l’imaginaire artistique, de Redon à Van Gogh. Depuis 40 ans, le musée affirme sa vocation interdisciplinaire en croisant arts, sciences et technologies ; pour son anniversaire, il prolonge naturellement cet engagement à travers un dialogue entre sciences et imaginaires, dans une création monumentale autour de l’architecture des cellules projetée sous la voûte historique de la gare d’Orsay. Ce spectacle immersif rend aussi hommage à la photographie, à l’image animée de cette fin de siècle, qui donneront naissance au cinéma.
Quelques secondes d’éternité, Architectures vivantes interroge ce qu’un musée fait au temps — et ce que le vivant peut lui apprendre. À la croisée de l’art et de la biologie, la performance invite à repenser la relation entre conservation et renouvellement, entre héritage et élan vital, entre architectures humaines et architectures du vivant. Derrière les images, c’est une question cruciale qui se joue : comment habiter le temps ? Comment durer sans se figer ? Comment accepter que l’éternité soit moins une promesse de stabilité qu’un geste de transmission — une circulation d’énergie, de sons, de formes ?
Distribution :
Direction scientifique : Manuel Théry
Direction artistique et mise en scène : Frédérique Aït-Touati Conception et direction musicale, artiste associée : Solrey Conception et montage vidéo, artistes associés : Nadir Bouassria et Pierre Froment (Groupe LAPS)
Texte et collaboration artistique : Marie-Sarah Adenis
Avec : Traffic Quintet et ses invités
Récitante : Judith Chemla
Dates :
Samedi 24 janvier 19h30, 21h00 - Nef du musée d’Orsay
Dimanche 25 janvier 19h30, 21h00 - Nef du musée d’Orsay
La science au coeur du projet
Quelques secondes d’éternité naît d’un geste scientifique sans précédent pour un musée. Quinze chercheuses et chercheurs du CEA et du CNRS ont participé à une série d’expériences originales, imaginées spécialement pour Orsay. Plus d’un millier d’heures de laboratoire ont été consacrées à mettre en œuvre des systèmes vivants — cellules et réseaux de filaments — et à les filmer au microscope à l’aide de dispositifs microfluidiques conçus pour dialoguer avec l’architecture du musée.
De ces milliers d’heures, vingt-cinq expériences ont été sélectionnées, puis mises en texte, en musique et en dramaturgie, pour rendre sensible la plasticité, la fragilité et l’incroyable robustesse des architectures du vivant par rapport aux architectures de pierre. On y voit des systèmes transitoires, parfois non viables mais intensément présents, qui ne vivent que le temps de l’expérience : la possibilité de contempler ces formes, qui interrogent la frontière même du vivant, est un privilège offert par le spectacle.
Les images jouent un rôle central : elles sont conçues comme une interface entre la science et le public, une invitation à faire de chaque spectateur un chercheur. L’œuvre brouille toute frontière stable entre exploration artistique et exploration scientifique. En rendant accessible ce qui, d’ordinaire, reste invisible, en transformant l’espace du musée en un laboratoire poétique, Quelques secondes d’éternité fait apparaître, dans les architectures du vivant comme dans celles de la culture, une même dynamique : durer en se transformant.
Direction scientifique : Manuel Théry (CEA/ESPCI) Co-conception : Laurent Blanchoin (CNRS/IRIG)
Chercheurs associés : Léa Blanc, Louise Bonnemay, Simona Buracco, Alice Cantat, Alexandra Colin, Jérémie Gaillard, Christophe Guérin, Laetitia Kurzawa, Nevena Morel, Anne-Betty N’Diaye, Elisa Paulin, Alfredo Sciortino, Flora Silberzan, Bhagyanath Suresh, Manuel Théry, Clothilde Utzschneider, Benoit Vianay.
Informations pratiques
Spectacle immersif Vidéo mapping géant
samedi 24 et dimanche 25 janvier 2026 à 19h30, 21h
interprété par : Judith Chemla, récitante Traffic Quintet et ses invités Sous la direction de Solrey
Musiques de Alexandre Desplat, Philippe Hersant, Kaija Saariaho...
Musée d’Orsay, Nef
Grille tarifaire spéciale
14€ et 10 € en TR (Tarif jeunes - 26 ans et solidarité)