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Maladies infectieuses : les laboratoires du CEA-Joliot à la pointe pour développer des tests de détection rapide


​Variant de Creutzfeldt-Jacob, Ebola, COVID-19… et maintenant la variole du singe due au virus Monkeypox : le monde doit régulièrement faire face à des maladies infectieuses émergentes ou ré-émergentes. Deux laboratoires du Service de Pharmacologie et Immuno-analyse du CEA-Joliot font preuve d’une grande réactivité pour mettre au point des tests de détection rapide. Depuis quelques années, leur étroite collaboration avec la société de biotechnologies NG BIOTECH et l’AP-HP facilite la validation clinique de leurs tests et le transfert industriel. Retour sur une série de succès. 

Publié le 28 juin 2022

Un point de départ : la maladie de la vache folle

​L'expérience du Service de Pharmacologie et Immuno-analyse (SPI, DMTS) dans le développement de tests de détection rapide ne date pas d'hier. L'histoire commence au milieu des années 90. En 1996, la communauté scientifique apporte la preuve que l'agent pathogène responsable de la maladie de la vache folle (une encéphalopathie spongiforme, maladie neurodégénérative) – le prion – peut se transmettre à l'homme et provoquer l'apparition d'un variant de la maladie Creutzfeldt-Jacob. Le SPI, et plus particulièrement le laboratoire LERI à Saclay, a l'expérience nécessaire en matière de tests de dépistage immunologique pour développer, en collaboration étroite avec l'unité de Dominique Dormont au CEA de Fontenay-aux-Roses (actuellement  le SEPIA à l'Institut de Biologie François-Jacob), un kit de détection rapide du prion. La mise au point va vite. Et lorsque l'Union européenne lance un appel d'offre pour le développement de tels tests, le CEA est déjà en mesure de répondre. Leur test sera validé en 1999 et sera commercialisé par la société Bio-Rad.

Kit de détection utilisé dans les abattoirs d’Europe, sur les bovins de plus de 24 mois pour détecter la présence ou non du prion, agent responsable de la maladie de la vache folle développé au CEA et commercialisé par Bio-Rad. © L. Godart/CEA


L’expérience du programme NRBC-E

En 2005, l’Etat confie au CEA la responsabilité d’un programme interministériel de recherche et développement contre le terrorisme NRBC-E (nucléaire, radiologique, biologique, chimique et explosive). Ce programme et piloté par le CEA/DAM et fait intervenir l’ensemble des directions opérationnelles du CEA. Le SPI met alors au point des outils d’immuno-analyse performants pour détecter et quantifier certains des agents pathogènes responsables de la menace biologique. Deux laboratoires du SPI, le LERI à Saclay et le LI2D (ex-LICB) à Marcoule montent très vite en compétence et sont capables de développer des tests contre différents types d’agents pathogènes, que ce soit des virus, des bactéries ou des toxines.  

La flambée d'Ebola en 2014 : encore une réussite diagnostique

Alors que l'épidémie d'Ebola est considérée par l'Organisation Mondiale de la Santé comme une « urgence de santé publique de portée internationale », les chercheurs du LI2D (ex LICB), le laboratoire du SPI situé à Marcoule, réussissent l'exploit de mettre au point un test de détection rapide du virus Ebola moins de quatre mois après l'alerte de l'OMS. Ebola eZYSCREEN®, c'est son nom, est le premier test marqué CE IVD[1] développé au CEA en collaboration avec un industriel normand dans un format proche de celui d'un test de grossesse.

L'antibiorésistance, un autre front

L'antibiorésistance, enjeu de santé publique majeure avec la dissémination de bactéries multi-résistantes (BMR), constitue l'un des axes forts de développement de tests au LERI. La lutte contre cette dissémination en milieu hospitalier nécessite une identification rapide des patients porteurs afin de mettre en place des mesures d'hygiène renforcées et d'administrer un traitement approprié le plus précocement possible. En étroite collaboration avec NG BIOTECH et l'AP-HP, le LERI a déjà développé et validé trois tests rapides de détection d'antibiorésistance.

Et aujourd'hui ?

Forts de leur savoir-faire, les laboratoires du CEA-Joliot souhaitent développer et pérenniser une filière française de tests immunologiques de diagnostic rapide in vitro de maladies émergentes ou ré-émergentes ou d'agents de la menace biologique pour répondre rapidement, voire anticiper de futures crises sanitaires. Depuis 2015, leur collaboration avec NG BIOTECH et l'AP-HP s'intensifie :

  •  Fin 2019, le LERI et NG BIOTECH créent un laboratoire commun pour rechercher, développer, produire et commercialiser une nouvelle génération de tests de détection de l'antibiorésistance.
  • En 2020, au tout début de la pandémie de COVID-19, les partenaires (LERI, LI2D, NG BIOTECH et AP-HP) se mobilisent pour répondre aux enjeux de la pandémie avec la réalisation d'un test rapide sérologique validé dès fin la fin du mois de mars.
  • En 2022, les mêmes obtiennent un financement pour leur projet DiagRaMIE dans le cadre de l'appel à manifestation d'intérêt « Maladies infectieuses émergentes (MIE) et menaces nucléaires, radiologiques, biologiques et chimiques (MN) » de Stratégie nationale d'accélération déployée dans le cadre du plan France Relance et du PIA4. DiagRaMIE vise avant tout à développer de nouveaux anticorps et des tests rapides contre des agents pathogènes identifiés comme menace.

Dernier exemple en date, le LI2D et NG BIOTECH développent actuellement un test antigénique rapide permettant la détection du Monkeypox virus et le diagnostic de la variole du singe qui touche aujourd'hui plusieurs pays sur plusieurs continents. Des premiers tests prototypes, avec d'excellentes performances en termes de sensibilité sur du virus en culture, sont en cours d'évaluation dans un laboratoire de haute sécurité biologique du LI2D.

Evaluation des premiers prototypes de tests de détection du virus Monkeypox dans un laboratoire de haute sécurité biologique du LI2D à Marcoule. © CEA


Contact CEA-Joliot :

Laurent Bellanger (laurent.bellanger@cea.fr)


[1] Le marquage CE est « l'engagement visible du fabricant que son produit respecte les exigences réglementaires en vue de sa libre circulation sur l'ensemble du territoire de l'Union européenne » (Direction générale des entreprises). Le marquage CE IVD concerne les dispositifs médicaux de diagnostic in vitro


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