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Cerveau : des molécules herbicides inductrices d’amyloïdes ?


​La famille des triazines, un herbicide,  semble participer à la surproduction du peptide Aβ-42, qui, sous sa forme agrégée, est un marqueur moléculaire de la maladie d'Alzheimer. Cependant, il est encore beaucoup trop tôt pour statuer sur une toxicité éventuelle de ces molécules. 

Publié le 21 octobre 2016

Dans 1 à 5 % des cas, la maladie d’Alzheimer est d’origine génétique. Pour les autres cas, des facteurs non génétiques (facteurs environnementaux) participeraient au développement de la pathologie (appelée forme sporadique, SAD). Pour comprendre les causes de ces SAD et trouver de nouvelles cibles thérapeutiques, les scientifiques essayent de générer des modèles à l’aide de molécules entraînant la production de biomarqueurs de la maladie.


Dans ce cadre, la société pharmaceutique ManRos Therapeutics a criblé des banques chimiques renfermant plus de 3500 molécules appartenant à l’exposome humain, c’est-à-dire l’ensemble des composés auxquels nous sommes exposés de notre conception à notre mort. ManRos a découvert deux familles de molécules susceptibles de moduler l’activité d’une enzyme, la
γ-sécrétase, à l’origine de la production des peptides amyloïdes (Aβ). Il s’agit des aftines et des triazines, ces dernières étant utilisées notamment comme herbicides. Une équipe du SPI/IBITECS a caractérisé ces deux familles de molécules sur des modèles cellulaires de neurones corticaux et d’hippocampe, sur des cultures d’hippocampe de souris et/ou sur des modèles animaux. Les triazines sont à l’origine d’une augmentation potentielle de production des peptides Aβ-42. Il est alors légitime de poser la question de leur éventuelle toxicité et de leur rôle potentiel dans le développement de la maladie d’Alzheimer.

« Nous n’en sommes pas encore là, prévient Aloïse Mabondzo, chercheur au SPI. En effet, si les tests in vitro de passage de la barrière hémato-encéphalique et dans des modèles murins montrent que l’aftine module la production des peptides Aβ-42, le lien avec la maladie d’Alzheimer n’est pas établi. Les peptides Aβ-42 doivent en effet se trouver sous leur forme agrégée pour être délétères.»
 « C’est un point crucial, ajoute le biologiste, car le peptide A
β-42 sous sa forme agrégée est un biomarqueur de la maladie d’Alzheimer, tandis que sa forme ‘libre’ pourrait avoir une fonction bénéfique sur l’activité neuronale ! » Une collaboration de l’IBITECS, de l’I2BM et de l’Institut génétique et de biologie cellulaire et moléculaire de Strasbourg, qui a pour objectif de démontrer ou non l’accélération de la formation des plaques amyloïdes dans des modèles pathologiques pré-établis, pourra peut-être donner des éléments de réponse : « Nous regarderons si l’exposition aux triazines accélère la formation de ces plaques et induit un déficit cognitif », conclut Aloïse Mabondzo.

Ce travail a fait l’objet d’un Fait Marquant DRF (texte ci-dessus) et d’un « Press Release » de l’éditeur.

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