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Thérapies ciblées : un brevet pour fabriquer in vitro des anticorps pleinement humains


​Les anticorps médicaments dédiés aux thérapies ciblées doivent être constitués de séquences humaines pour être bien tolérés par les patients. Au CEA-IBITECS, des chercheurs ont breveté une méthode de fabrication in vitro d'anticorps pleinement humains.

Publié le 9 avril 2015

Les thérapies à base d'anticorps ont envahi le marché du médicament depuis les années 1990. Elles sont aujourd'hui largement utilisées pour lutter contre les cancers, les maladies infectieuses ou inflammatoires. Ces anticorps sont spécifiques de cibles (cellules cancéreuses ou microorganismes infectieux, par exemple) qu'ils neutralisent directement ou avec l'aide des défenses immunitaires du patient. Ils sont fabriqués à partir de modèles murins et sont rarement constitués de séquences entièrement humaines. De ce fait, ils peuvent être imparfaitement tolérés par le patient. La fabrication d'anticorps pleinement humains doit donc être privilégiée pour limiter leurs effets secondaires. Pour atteindre cet objectif, les stratégies sont essentiellement fondées sur l'immunisation de modèles murins humanisés1. D'autres stratégies, encore perfectibles, permettraient d'éviter d'avoir recours aux modèles animaux. Elles sont basées sur l'immunisation in vitro de cellules sanguines. C'est à ces dernières que se sont intéressés des chercheurs du CEA-IBITECS.

Ils ont breveté une méthode améliorée de production d'anticorps humains in vitro à partir de cellules sanguines, qui fait appel à une protéine de fusion composée de trois entités : un antigène d'intérêt2 et deux protéines qui déclenchent la réponse immune3. « Les techniques actuelles de fabrication d'anticorps humains in vitro ne fonctionnent pas bien et sont complexes à mettre en œuvre, raconte Michel Léonetti, biologiste au CEA-IBITECS. Notre méthode est plus simple et plus efficace. Elle consiste à créer une réponse immunitaire en éprouvette par la mise en culture de cellules sanguines de donneurs sains avec notre protéine de fusion. Cette dernière active les lymphocytes B qui sécrètent alors les anticorps souhaités4. » Et de conclure : « Ce brevet est méthodologique. Il reste à trouver le moyen d'isoler chaque lymphocyte sécréteur pour produire les anticorps en grande quantité, ce à quoi nous travaillons. »

Mise en évidence de lymphocytes B sécrétant des anticorps spécifiques de la protéine cible. Les cellules sanguines sont incubées avec (à droite) ou sans la protéine de fusion (à gauche). Les lymphocytes B sécrétant des anticorps spécifiques de la protéine cible forment des spots noirs.

  1. Il s'agit de modèles transgéniques dont le système immunitaire est reconstitué avec des leucocytes humains.
  2. L'antigène d'intérêt est issu d'un organisme infectieux ou d'une cellule cancéreuse.
  3. Le trans-activateur transcriptionnel du VIH et un ligand de cellules présentatrices de l'antigène
  4. Il s'agit d'immunoglobulines G spécifiques de la cible

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