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Lutte contre l’antibiorésistance : deux tests de détection rapide supplémentaires


​Des chercheurs du LERI (SPI / DMTS), en collaboration avec l'AP-HP, ont développé deux tests immunologiques rapides et peu coûteux de détection de l'antibiorésistance. Nouveauté : les deux tests repèrent l'activité des enzymes bactériennes hydrolysant les céphalosporines à spectre étendu.

Publié le 2 août 2022

Le problème de l'antibiorésistance

Ces dernières années, l'émergence des bactéries multirésistantes s'est accélérée, notamment à cause de l'utilisation excessive des antibiotiques. Parmi elles, les entérobactéries productrices de bêta-lactamases à spectre étendu (BLSE) sont particulièrement préoccupantes. En effet, chaque année, ces bactéries sont responsables à 19 % des infections nosocomiales aux Etats-Unis et sont également associées à une augmentation de la mortalité et du coût des soins, selon l'agence gouvernementale américaine des Centers for Disease Control and Prevention (CDC).

Conscients des enjeux, les chercheurs du Laboratoire d'Etude et de Recherche en Immuno-analyse (LERI,  SPI/DMTS), ont développé une expertise reconnue dans la mise au point de tests-bandelettes détectant les BLSE de type CTX-M, responsables de l'inactivation par hydrolyse des céphalosporines à spectre étendu (ESC) comme la céfotaxime (CTX). Ces souches ont été ciblées car elles ont émergé de façon explosive dans les années 90 et représentent à ce jour 98% des bactéries productrices de BLSE en France.

Détecter l'activité hydrolysante plutôt que l'enzyme ?

Parmi les tests développés, le test CTX-M MULTI, commercialisé par la société NG-Biotech, a déjà fait ses preuves en 2017 (voir actualité du 13 novembre 2017). Il permet de détecter simultanément les groupes 1, 2, 8, 9 et 25 de CTX-M. Dans une récente étude, le test a montré une sensibilité et une spécificité supérieurs à 98 % sur une collection de colonies d'entérobactéries déjà caractérisées (par PCR) pour leur contenu en bêta-lactamases. Les mêmes résultats ont été obtenus avec des colonies et des hémocultures dérivées d'échantillons cliniques contenant des entérobactéries (voir actualité du 19 novembre 2020). Malgré ces performances excellentes, le test CTX-M-MULTI peut ne pas détecter quelques enzymes très rares. Pour pallier ce manque, le SPI, en collaboration avec une équipe de l'AP-HP, vient de développer un autre type de test bandelette, le LFIA-CTX, basé sur la détection non pas de l'enzyme bactérienne responsable de l'hydrolyse de l'antibiotique mais de l'hydrolyse elle-même [1]

Récemment, les équipe du LERI et de l'AP-HP ont mis au point un autre test-bandelette, nommé LFIA Rapid ESC qui combine les deux tests précédents[2]. Très performant et peu coûteux (moins de 15 euros), il affiche rapidement ses résultats, soit dans les 10 minutes après une incubation de 30 minutes, et offre également une sensibilité et une spécificité de 100 %. 

Contact CEA-Joliot :

Hervé Volland (herve.volland@cea.fr)


Définitions :
Les bêta-lactamines (β-lactamines) constituent une large classe d'antibiotiques qui comprennent notamment les dérivés de la pénicilline, les céphalosporines et les carbapénèmes. Les bêta-lactamines sont les antibiotiques les plus fréquemment utilisés.
Les céphalosporines à spectre élargi (extended spectrum cephalosporins, ESC) sont une classe récente de céphalosporines qui agissent sur un spectre large de bactéries résistantes à d'autres antibiotiques.
La céfotaxime (CTX) est une céphalosporine de 3e génération.
Les bêta-lactamases sont des enzymes produites par certaines bactéries et qui dégradent (par hydrolyse) les antibiotiques de type bêta-lactamine. Elles confèrent ainsi leur résistance aux bactéries qui en synthétisent.
Les bêta-lactamases à spectre étendu (BLSE) engendrent une résistance à la majorité des bêtalactamines.


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