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Article | Cancer | Tomographie par émission de positons

Immunothérapie : une réponse hétérogène pour un patient atteint d’un cancer métastatique, signe d’un pronostic favorable ?


​Des chercheurs de l’unité TIRO-MATOS (CEA / Université Côte d’Azur), rattachée début 2020 au SHFJ, ont dressé un état des lieux des connaissances concernant la réponse hétérogène fréquemment observée chez un même patient après traitement par chimiothérapie et thérapie ciblée d’un cancer métastatique. Ils mettent en évidence de nouveaux aspects liés à l’utilisation de plus en plus fréquente de l’immunothérapie. Leur synthèse est publiée dans Frontiers in Oncology.

Publié le 30 novembre 2020

​Lorsqu’un cancer a évolué vers un stade métastatique, les médecins oncologues optent pour une thérapie qui va atteindre tous les organes : une chimiothérapie, toxique pour toutes les cellules, et/ou une thérapie ciblée, qui ne s’attaque qu’aux cellules cancéreuses. Il est ensuite possible d’évaluer, par imagerie, l’efficacité de cette thérapie systémique. A ce stade, il n’est pas rare d’observer, chez un même patient, la co-existence de lésions qui répondent à la thérapie et d’autres lésions qui n’y répondent pas. Cette coexistence – on parle de réponse dissociée – est observée avec des fréquences différentes, selon le type de cancer primaire, le traitement et même la modalité d’imagerie. Ainsi, en utilisant l’examen TEP/CT au FDG[1], qui permet d’évaluer facilement la réponse lésion par lésion, la réponse dissociée a été décrite chez 48% des femmes traitées pour un cancer du sein métastatique.

Par défaut, la réponse dissociée est considérée comme un signe de progression des tumeurs, bien que certaines études aient souligné un pronostic spécifique associé. Avec la généralisation de l’immunothérapie, ce paradigme est en train de changer rapidement. En effet, la réponse dissociée, observée chez environ 10 % des patients atteints d'un cancer du poumon avancé traité par immunothérapie, est associée à un bénéfice clinique d’au moins 6 mois du traitement et à un pronostic favorable. La réponse dissociée semble donc être associée à l'efficacité du traitement. Avec cette vue d’ensemble, les chercheurs de TIRO-MATOS concluent que ce schéma spécifique devrait être pris en compte dans les futurs critères adaptés à l'immunothérapie pour l'évaluation de la réponse par CT et TEP/CT, et les mécanismes physiopathologiques explorés. 


Patient de 60 ans avec un adénocarcinome métastatique traité par pembrolizumab. Image de gauche, avant traitement. Images du centre et de droite, après 8 et 12 semaines de traitement respectivement. On y voit une lésion au niveau du sacrum progresser puis disparaitre (flèche bleue claire), la progression puis la régression d'une masse médiastino-hilaire gauche(flèche verte) et une progression de nodules pulmonaires (flèches violettes).Une thyroïdite a également été observée (flèche jaune). Le statut clinique du patient étant resté stable, le traitement a été poursuivi et le patient a finalement obtenu un bénéfice clinique durable et prolongé de l'immunothérapie (16 mois de traitement). © O. Humbert/D. Chardin/TIRO-MATOS

[1] Les systèmes TEP/CT combinent une caméra TEP (tomographie par émission de positons) et un tomodensitomètre (TDM ou CT) pour permettre une superposition précise des images fonctionnelles (TEP) et anatomiques (CT). Le fluorodesoxyglucose (FDG) marqué au fluor 18 est le traceur le plus utilisé pour la TEP. 

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