Vous êtes ici : Accueil > Actualités > Quantique : un temps de cohérence record pour le spin de l’erbium

Découvertes et avancées | Résultat scientifique | Physique quantique | Spintronique

Quantique : un temps de cohérence record pour le spin de l’erbium


​Des chercheurs du CEA-Iramis prouvent que, contrairement aux idées reçues, le spin électronique porté par l'erbium peut bénéficier d'une longue durée de cohérence. Il se qualifie donc comme un bon candidat pour relayer de l'information quantique via des photons.
Publié le 17 décembre 2021

Un réseau de communications ou un ordinateur quantique requiert des échanges d'informations entre nœuds ou entre mémoires et processeurs et ceux-ci passent par des vecteurs tels que des photons. Mais comment conserver un état quantique assez longtemps pour le manipuler ou le stocker avant que la « décohérence » ne l'efface ?

Des physiciens de l'Iramis ont recherché un environnement cristallin favorisant la cohérence du spin électronique d'ions erbium (Er3+).

L'erbium, impureté atomique insérée par exemple dans un cristal CaWO4, possède en effet à la fois :

  • un degré de liberté de spin électronique dans son état fondamental,
  • une transition optique à la longueur d'onde des fibres optiques « télécom », à 1,5 µm,
  • des propriétés quantiques se prêtant au couplage de son spin électronique à des spins nucléaires voisins ou à un autre système quantique.

Cependant les mesures spectroscopiques sur la transition de spins de l'ion Er3+ (largeur de raie inhomogène et supérieure à 10 MHz) et le temps de cohérence de son spin électronique (inférieur à 50 µs) étaient jusqu'à présent jugés décevants.

Les chercheurs ont choisi la scheelite comme matrice d'accueil pour les ions erbium. C'est un cristal naturel, non dopé, à très faible densité magnétique nucléaire – car seul l'isotope 183W du tungstène (d'abondance 14 %) possède un spin nucléaire – qui contient des traces d'ions Er3+ (1 partie par milliard) en substitution du calcium.

Il est sondé par un spectromètre de RPE (Résonance paramagnétique électronique) à la limite quantique, développé par l'équipe. Le cœur du dispositif est un résonateur micro-onde (7 GHz) supraconducteur planaire, déposé sur le cristal, refroidi à 10 mK. Un champ magnétique (70 mT) est appliqué dans le plan du cristal afin d'accorder la fréquence de transition de spin de l'erbium à la fréquence de détection. Les spins sont détectés par la technique d'« écho de spin » : en réponse à deux impulsions micro-onde successives, les spins réémettent une impulsion écho dont l'amplitude est une signature de leur cohérence.

La largeur spectrale de la transition de spin atteint un minimum de 1 MHz, soit une amélioration d'un facteur dix par rapport à l'état de l'art.

Le temps de cohérence est, quant à lui, multiplié par mille par rapport aux valeurs connues pour Er3+, atteignant 23 ms. C'est le plus long temps de cohérence jamais mesuré pour un spin électronique dans un cristal non purifié isotopiquement. 

Haut de page