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Découverte d'importantes fuites de méthane liées aux secteurs pétrolier et gazier


​Une nouvelle étude internationale, coordonnée par le LSCE (CEA-CNRS-UVSQ) révèle des centaines de très grandes fuites de méthane, provenant d'installations de production de pétrole et de gaz. Elle s'appuie sur des données recueillies par le satellite européen Sentinel-5P.

Publié le 4 février 2022

Les productions pétrolière et gazière mondiales représentent aujourd'hui un quart des émissions de méthane d'origine anthropique.

Ces émissions ont considérablement augmenté au cours des vingt dernières années, du fait, notamment, de l'augmentation de la production gazière aux États-Unis et en Russie.

Plusieurs études récentes avaient alerté sur une large sous-estimation des émissions de méthane issues des industries gazière et pétrolière dans les rapports internationaux de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). En effet, ceux-ci ne prennent pas en compte les émissions de méthane liées aux opérations de maintenance ou d'entretien des réseaux d'exploitation, qui sont majoritairement intentionnelles mais peuvent être également accidentelles.

Une équipe franco-américaine menée par le LSCE a voulu estimer la quantité de méthane rejeté dans l'atmosphère par les secteurs pétrolier et gazier. Pour cela, elle a procédé à l'analyse détaillée de milliers d'images produites quotidiennement pendant deux ans par le satellite Sentinel-5P de l'Agence spatiale européenne – plus précisément, des mesures spectrométriques de polluants atmosphériques. Seules les « fuites » dépassant la limite de détection de l'instrument ont pu être détectées. Souvent supérieures à 25 tonnes de méthane par heure, elles ne représentent cependant qu'une fraction des émissions non déclarées.

Les scientifiques ont ainsi identifié quelque 1 200 grandes « fuites » (ou « ultra-émetteurs ») de méthane au cours de ces deux années. Leur nombre peut sembler modeste mais le cumul atteint un volume très important. Il engendre un surcoût – en termes de perte de production et d'impact climatique – se chiffrant en milliards de dollars et il a la même empreinte carbone que 20 millions de véhicules pendant un an !

Selon l'étude, les ultra-émetteurs non déclarés ajouteraient dans l'atmosphère plus de 10 % des émissions officielles de méthane d'origine pétrolière et gazière des six principaux pays producteurs.

« Les satellites offrent désormais la possibilité d'un suivi des ultra-émetteurs non déclarés et ouvrent la voie à leur contrôle, détaille Thomas Lauvaux, auteur de l'étude et chercheur CNRS du programme français Make Our Planet Great Again au LSCE. Le coût de ces opérations est très modeste, comparé au bénéfice attendu qui se chiffre en milliards de dollars. »

Les chercheurs prévoient d'étudier aussi les émissions de méthane des activités charbonnières et agricoles, grâce à des données satellite de plus haute résolution telles que celles de Sentinel-2. Cependant ces données ne couvrent que certaines régions du globe, et avec une moindre fréquence. La couverture mondiale et quotidienne de Sentinel-5P reste donc précieuse pour la surveillance des émissions indésirables.

Carte montrant la localisation des principaux gazoducs et les principales sources d’émission de méthane liées à l’industrie pétrolière et gazière © Kayrros Inc., Esri, HERE, Garmin, FAO, NOAA, USGS, OpenStreetMap contributors, and the GIS User Community


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