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Exode rural en Chine : quels impacts sur le climat ?


​L'exode rural massif qu'a connu la Chine au cours des deux dernières décennies s'est soldé par un bilan carbone favorable. Ce résultat paradoxal d'une collaboration internationale impliquant le LSCE (CEA-CNRS-UVSQ) s'appuie principalement sur l'analyse de données satellitaires. 

Publié le 23 février 2022

L'urbanisation explose à l'échelle planétaire, notamment en Chine où plus de 290 millions de personnes ont quitté la campagne pour s'installer en ville au cours des trois dernières décennies.

La perception la plus courante de ce phénomène est qu'il renforce les émissions de carbone, suivant l'idée que des forêts sont défrichées pour laisser place au béton. Cette idée est battue en brèche par des chercheurs qui ont utilisé des séries chronologiques d'images satellites pour quantifier la biomasse aérienne (en contact avec l'atmosphère) et analysé des données démographiques, des journaux de bord de téléphones portables et des images satellite de la lumière nocturne.

Leur étude montre que la croissance des villes chinoises au cours des deux dernières décennies n'a eu en réalité que peu d'impact sur les forêts. Seulement 6 % de l'expansion urbaine s'est faite au détriment des terres forestières. La ville a principalement remplacé des terres agricoles (81 %) et des prairies (10 %) qui n'ont qu'une faible capacité de stockage de carbone par rapport à la forêt.

Plus précisément, l'expansion des villes chinoises a conduit à une perte de 20 millions de tonnes de biomasse aérienne entre 2002 et 2010 mais en prenant en compte l'augmentation des espaces verts, les scientifiques relèvent un bilan excédentaire de 30 millions de tonnes pour la période 2002-2019.

En effet, au cours de la dernière décennie, le gouvernement chinois a encouragé le développement de la couverture arborée des villes (espaces verts, plantation d'arbres, aménagement de toits verts ou de jardins verticaux, etc.). Cette stratégie s'inscrit dans la politique de boisement de la Chine qui s'est traduite par la capture annuelle de 290 millions de tonnes de carbone, via l'accroissement de la biomasse aérienne.

Par ailleurs, l'exode rural a libéré de grandes étendues de forêts de toute pression anthropique où les arbres ont repoussé et stocké à nouveau du carbone.

Cependant, les chercheurs soulignent que la seule plantation d'arbres à grande échelle ne permettra pas à la Chine d'atteindre son objectif de neutralité climatique d'ici 2060. En effet, l'absorption de carbone par les arbres est limitée en quantité et en durée : une forêt arrivée à maturité n'absorbe plus de carbone. La Chine devra donc aussi réduire drastiquement ses émissions liées aux énergies fossiles pour parvenir à la neutralité carbone dans le futur.

À noter que cette étude ne prend pas en compte la totalité de l'empreinte carbone des villes chinoises, notamment celle des importations alimentaires consécutives à la diminution de 3,8 % des surfaces agricoles chinoises imputable à l'urbanisation.

Elle a été menée par l'Université de Copenhague (Danemark).

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