Vous êtes ici : Accueil > Actualités > Les dépôts de cendres issus d’incendies éloignés stimulent la croissance de forêts tropicales

Découvertes et avancées | Résultat scientifique | Cycle du carbone | Climat | Modèles climatiques

Les dépôts de cendres issus d’incendies éloignés stimulent la croissance de forêts tropicales


​Selon une étude internationale pilotée par un chercheur du LSCE (CEA-CNRS-UVSQ), les cendres produites par des incendies et transportées à longue distance par le vent augmentent la capacité de forêts tropicales de plaine, en Afrique centrale, à séquestrer le dioxyde de carbone.
Publié le 20 octobre 2022

Les incendies, fréquents en Afrique subtropicale et tropicale, améliorent la fertilité des sols en dispersant des cendres riches en nutriments. Les écosystèmes se sont adaptés aux incendies si bien qu'une forte productivité végétale peut être observée même sur de vieux sols peu fertiles. 

Cependant, une fraction des cendres produites par les incendies est transportée par les vents sur de longues distances. La quantité de nutriments est-elle alors suffisante pour favoriser la croissance des plantes là où elle est déposée ?

Pour le savoir, des chercheurs du LSCE et de l'Université de Gand (Belgique) ont construit et testé un modèle simulant les cycles du phosphore et du carbone afin d'étudier la forêt africaine.

Parmi les nutriments contenus dans les cendres, le phosphore a en effet été identifié comme un élément clé gouvernant la fixation du CO2 atmosphérique par les forêts tropicales. S'appuyant sur près de 18.000 mesures de photosynthèse, des chercheurs, dont deux du LSCE, ont montré que la concentration de phosphore dans les feuilles est corrélée à leur capacité d'adsorption du CO2.

Afin de s'affranchir de l'influence des autres changements environnementaux, les scientifiques ont simulé et comparé les deux situations suivantes, sur la même période, des années 1960 à aujourd'hui :

  • les dépôts de cendres ont augmenté (situation réelle),
  • ils sont maintenus artificiellement au faible niveau des années 1960.

Les chercheurs montrent que les plantes devraient réagir à un ajout de phosphore, provenant ou non de cendres. Et de même que l'augmentation de la teneur atmosphérique en CO2 imputable aux activités humaines a favorisé la croissance des plantes, la multiplication des feux de déforestation dans les décennies 1990 et 2000 pourrait avoir amélioré la séquestration du CO2 par les forêts tropicales de plaine en Afrique, via le dépôt de leurs cendres.

Ils indiquent comment la teneur en phosphore peut être prise en compte dans les prévisions de la photosynthèse mondiale et avancent que les forêts tropicales pourraient absorber beaucoup plus de carbone si ces écosystèmes recevaient un supplément de phosphore.

 « Ces nouvelles connaissances n'affectent pas seulement notre compréhension de la réponse des forêts tropicales au changement global, mais elles ouvrent également des possibilités d'améliorer la productivité des forêts tropicales, déclare Daniel Goll, chercheur au LSCE. Par exemple, des matériaux rocheux broyés contenant un mélange de nutriments comparable à celui des cendres pourraient être épandu sur les forêts pour favoriser leur fixation du dioxyde de carbone ».

Haut de page