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Réchauffements hivernal et printanier : des effets antagonistes sur la croissance des bourgeons


​Une collaboration impliquant le LSCE (CEA-CNRS-UVSQ) révèle la subtilité des effets climatiques sur la reprise végétative au printemps : le réchauffement hivernal tempère l'effet du réchauffement printanier. Cette complexité doit être prise en compte dans les modèles climatiques !
Publié le 7 février 2022

En capturant environ un quart du CO2 émis par les activités humaines, la végétation terrestre atténue significativement le réchauffement climatique.

Elle est cependant affectée par les changements climatiques dans ses cycles biologiques au fil des saisons. En particulier, on observe que l'activité de la végétation reprend de plus en plus tôt au printemps, du fait de températures plus clémentes : le jour de sortie des premières feuilles a été avancé d'environ six jours au cours des cinquante dernières années, d'après les observations visuelles de science citoyenne collectées sur des milliers d'arbres dans toute l'Europe. Mais l'amplitude de ce phénomène tend à diminuer ces dernières années. Par quels mécanismes ces changements subtils sont-ils régulés ?

Pour en savoir plus, des chercheurs du LSCE et leurs partenaires ont réalisé une étude à grande échelle en Europe, couvrant les cinq dernières décennies. Ils ont réuni 386.000 observations d'apparition des feuilles, chez six espèces d'arbres européens, et les ont intégrées à un modèle qui prend en compte à la fois les besoins de froid hivernal et de chaleur printanière de la plante. Ces deux ingrédients conditionnent en effet la date de la reprise végétative.

Selon le modèle, les feuilles apparaissent aujourd'hui plus tôt qu'il y a 50 ans, principalement parce que la croissance des bourgeons est accélérée par le réchauffement du printemps. En revanche, le réchauffement hivernal a un effet antagoniste. Quand l'hiver est doux, les bourgeons ont en effet besoin de plus de chaleur pour leur croissance que quand l'hiver est froid, ce qui a tendance à retarder la sortie des feuilles. Cette tension entre les effets du réchauffement en hiver et au printemps explique pourquoi la tendance à une reprise d'activité végétative plus précoce semble faiblir ces dernières années.

Ces résultats révèlent la complexité du fonctionnement de la végétation et de sa régulation par le climat. Elle doit être prise en compte dans les modèles réalisant les projections futures du système couplé végétation terrestre-climat.

Cette étude a été coordonnée par l'Université Libre de Bruxelles.

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