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Réduire les pertes de forêts : une déclaration à l’épreuve du carbone


​La déclaration de Glasgow de 2021 sur les forêts et l'utilisation des terres pourrait se révéler une coquille vide. Selon les travaux de trois climatologues dont un du LSCE (CEA-CNRS-UVSQ), les modalités de l'arrêt des pertes de forêts ont un impact majeur sur la séquestration du carbone qui peut se révéler très décevante.
Publié le 3 juin 2022

Lors de la dernière conférence annuelle des Nations unies sur le changement climatique (COP 26), qui s'est tenue à Glasgow en novembre 2021, 141 pays, dont le Brésil, le Canada, la Chine, la République démocratique du Congo, l'Indonésie, la Russie, le Royaume-Uni et les États-Unis, ont signé un engagement visant à mettre fin à la perte des surfaces de forêts d'ici 2030.

Un climatologue du LSCE et ses partenaires soulignent qu'un détail crucial semble avoir été omis : l'annulation de la déforestation sera-t-elle brute ou nette ? Selon eux, « cette distinction est importante, car les différentes interprétations de la manière dont les pays peuvent mettre fin à la déforestation n'ont pas du tout le même effet sur les futures émissions de dioxyde de carbone. En clair, mettre fin à la déforestation constituerait une avancée majeure pour le climat. Mais si la déforestation des forêts primaires riches en carbone continue, tout en étant compensée par de nouvelles plantations de sorte que la surface de forêt reste stable, ce serait inefficace pour les pertes de carbone et préjudiciable pour la biodiversité. » 

Pour mieux saisir la différence entre perte brute et perte nette de forêt, les chercheurs ont élaboré trois scénarios qui respectent l'engagement de Glasgow : mettre fin à la perte de superficie forestière d'ici 2030. 

  • La déforestation dans les pays signataires prend fin d'ici 2030.
  • La déforestation est réduite et, en parallèle, il y a du reboisement business-as-usual
  • La déforestation business-as-usual continue et il y a davantage de reboisement pour que la surface de forêt ne diminue pas.

Ces trois scénarios sont conformes à la déclaration mais conduisent à des flux nets de carbone très différents. Le premier scénario séquestre une quantité importante de CO2 d'ici à 2050, le 2e beaucoup moins et le 3e ne fixe quasiment rien.

Les chercheurs avertissent qu'il faudra donc observer, dans les prochaines années, si la déclaration de Glasgow tient ses promesses ou si elle n'est qu'une coquille vide, comme la déclaration de New-York sur les forêts de 2014 dont (presque) personne ne se souvient.

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